L’affaire Hervé Patrick Opiangah continue de prendre de l’ampleur à l’approche de l’élection. L’ancien ministre, devenu l’un des plus grands opposants à la transition, est toujours dans le viseur du pouvoir, mais il ne se laisse pas faire. Son parti, l’UDIS, dénonce un « complot » et une « chasse à l’homme » orchestrée par le régime pour l’écarter définitivement du jeu politique. Dans une nouvelle déclaration musclée faite lors d’une conférence de presse ce jeudi 20 mars 2025 à son siège, il accuse Oligui Nguéma de précipiter le pays dans une crise sociale en bloquant les entreprises du groupe HPO & Associés, privant des milliers de Gabonais de salaire. Avec cette affaire qui prend une tournure politique explosive, le président de la transition doit choisir : calmer le jeu ou assumer un bras de fer risqué.
Un énième appel au président de la transition
Le point de rupture entre les deux hommes remonte au référendum de novembre 2024. Contre toute attente, Opiangah s’était opposé à la réforme, lançant une phrase devenue célèbre : « Monsieur le Président, ce n’est pas ce qu’on s’est dit. » Depuis, il subit une pression constante : ses entreprises ont été fermées, ses proches inquiétés, et son avenir politique semble compromis. Mais loin de se faire oublier, il contre-attaque. L’UDIS met désormais le régime face à ses responsabilités : que compte faire Oligui Nguéma des milliers de salariés qui ne touchent plus de salaire depuis quatre mois ?
Plus de 7000 Gabonais au chômage
Ce n’est pas juste une affaire politique, c’est aussi un problème économique. En mettant à l’arrêt un groupe qui emploie (directement et indirectement) plus de 7000 Gabonais, le pouvoir crée une bombe sociale. « Ces travailleurs ne sont-ils pas aussi Gabonais ? », interroge l’UDIS via son porte-parole de circonstance Edmond Epoma Ngadi, qui réclame des réponses. L’opposition cherche clairement à élargir le débat pour mobiliser au-delà du cercle des soutiens d’Opiangah. Et à mesure que la grogne monte, la question devient inévitable : pourquoi frapper aussi fort un ancien allié, et avec quelles conséquences ?
L’UDIS annonce des marches
L’UDIS ne s’arrête pas là. Il accuse la justice d’être instrumentalisée et met la communauté internationale face à ses responsabilités. « Pourquoi ce silence face à une injustice aussi flagrante ? », s’interroge le parti de l’homme fort de Mounana. En attendant une réponse des plus hautes autorités de la République, l’UDIS, ainsi qu’il l’a annoncé à sa précédente sortie, a déposé un courrier au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité à l’effet de solliciter l’autorisation d’organiser des marches, des rassemblements et des sits-in dans divers endroits de la capitale et dans l’ensemble du pays, avec la participation de tous les compatriotes affectés par cette situation. L’accusé de réception de cette demande faisant foi. « En attendant une réponse des plus hautes autorités de la République, l’UDIS, ainsi qu’il l’a annoncé à sa précédente sortie, a déposé un courrier au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité à l’effet de solliciter l’autorisation d’organiser des marches, des rassemblements et des sits-in dans divers endroits de la capitale et dans l’ensemble du pays, avec la participation de tous les compatriotes affectés par cette situation. L’accusé de réception de cette demande faisant foi« , a déclaré Edmond Epoma Ngadi.
Une position délicate
Oligui Nguéma se retrouve dans une position délicate. S’il relâche la pression sur Opiangah, il risque d’envoyer un signal de faiblesse. S’il continue sur cette voie, il pourrait voir le mécontentement grandir bien au-delà du camp de son adversaire. L’UDIS annonce déjà des marches et des sit-in à travers le pays. Une épreuve grandeur nature pour un pouvoir qui promettait la restauration des institutions, mais qui doit maintenant prouver qu’il peut aussi garantir des libertés fondamentales. « Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA. […] Voici le moment favorable : « OPIANGAH GATE » vous donne l’opportunité providentielle, de pouvoir authentiquement restaurer et sanctuariser de manière définitive, la dignité des gabonais. Vous passerez ainsi de la Parole aux Actes ! », a insisté le porte-parole de l’UDIS. À un mois du scrutin, cette bataille pourrait peser lourd.