En visite à Port-Gentil le 18 mars 2025, le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé une nouvelle initiative pour l’emploi des jeunes. Une enveloppe de 180 millions de fcfa sera allouée cette semaine pour financer l’embauche de 100 jeunes, tandis que 75 nouveaux taxis seront mis en circulation dans le cadre du programme Taxi-Gab. Cette mesure, qui vise à atténuer la précarité, illustre surtout l’absence d’une politique de l’emploi capable de répondre aux défis structurels du chômage.
Port-Gentil, capitale économique du pays, paie encore le prix des crises successives, notamment la chute des prix des matières premières entre 2015 et 2020, qui a mis à mal l’industrie pétrolière et affaibli le tissu entrepreneurial local. Résultat : un taux de chômage des jeunes qui atteignait déjà 35,7% en 2023 et qui, selon certaines estimations, concernerait aujourd’hui près de 40% des jeunes en âge de travailler. Face à ce constat, le gouvernement multiplie les initiatives ponctuelles, sans qu’une stratégie nationale ne vienne structurer une réponse de fond à cette crise persistante.
Le programme Taxi-Gab, par exemple, relève plus d’une solution cosmétique que d’une véritable réforme du marché du travail. Ce type de mesure, bien qu’utile à court terme, ne crée pas d’emplois durables ni qualifiés. Quant aux 180 millions de fcfa alloués pour embaucher 100 jeunes, rien ne garantit la stabilité ni l’évolution de ces emplois. Sans politique de formation adaptée et sans incitations structurelles à l’investissement, ces initiatives risquent de s’épuiser aussi vite qu’elles ont été annoncées.
D’autres pays ayant traversé des crises similaires ont misé sur des stratégies intégrées : développement des PME, réforme de l’éducation pour aligner les compétences sur les besoins du marché, et incitations fiscales pour les entreprises créatrices d’emplois. Au Gabon, l’absence de telles réformes maintient le pays dans une approche fragmentée, où les solutions se limitent à des mesures d’urgence qui ne traitent pas la racine du problème.
Si cette annonce présidentielle montre une volonté d’agir, elle ne constitue pas une rupture avec les pratiques du passé. Tant que le Gabon ne définira pas une politique nationale de l’emploi ambitieuse et cohérente, le chômage des jeunes restera une bombe à retardement. Les solutions ponctuelles comme Taxi-Gab ne remplaceront jamais une vision à long terme, essentielle pour bâtir une économie capable d’absorber sa jeunesse active.