Après le RPM d’Alexandre Barro Chambrier et REAGIR de Jean François Ndong Obiang, c’est désormais l’Alliance patriotique (AP) de Raymond Ndong Sima qui officialise son soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema. Moins de deux ans après l’épisode d’Alternance 2023, qui avait vu une large coalition politique défier le régime Bongo-PDG, la reconfiguration du paysage politique gabonais se poursuit. Réuni en congrès extraordinaire le 15 mars 2025 au gymnase d’Oloumi à Libreville, le parti a rassemblé ses militants et ses délégués des neuf provinces pour annoncer son ralliement. Désormais, seul Albert Ondo Ossa, figure de proue de l’opposition d’août 2023, reste en marge du processus de transition.
Dans son allocution, le président par intérim de l’Alliance patriotique, Emmanuel Edou-Eyene, a justifié ce choix par une continuité logique avec les événements du 30 août 2023. Selon lui, le coup d’État militaire a marqué une « accélération du cours de l’histoire », une rupture nécessaire pour remettre le Gabon sur de bons rails. À ses yeux, Oligui Nguema représente l’homme de la situation, celui qui a su initier des réformes et répondre aux aspirations de changement. Un positionnement qui tranche avec la posture initiale de certains membres d’Alternance 2023, qui, à l’époque, s’opposaient à toute transition dirigée par l’armée.

Pour Raymond Ndong Sima, qui a été Premier ministre de la Transition avant de céder son fauteuil en janvier 2024, il s’agit d’un choix stratégique. « Brice Clotaire Oligui Nguema incarne le candidat capable d’œuvrer à l’accomplissement du projet de société de notre parti », a-t-il déclaré. Son soutien à Oligui Nguema s’inscrit dans la continuité de son approbation du référendum constitutionnel, qui avait vu le « Oui » largement l’emporter en décembre dernier. De fait, il considère que l’actuel président de la transition est le mieux placé pour stabiliser le pays et garantir une alternance maîtrisée.
Avec ce ralliement, Oligui Nguema consolide encore davantage son assise politique, absorbant progressivement ceux qui avaient porté l’opposition au régime d’Ali Bongo. Il ne reste plus qu’Albert Ondo Ossa comme figure réellement dissidente, alors que la majorité des anciens ténors d’Alternance 2023 ont rallié la Transition. Une situation qui pose question : ce revirement est-il guidé par une réelle conviction ou par une volonté d’être du bon côté du pouvoir ? Pour nombre d’observateurs, il illustre surtout la difficulté de l’opposition à exister en dehors du cadre fixé par le CTRI.

Alors que la présidentielle du 12 avril 2025 approche, les dés semblent déjà jetés. Oligui Nguema, en multipliant les ralliements d’anciens opposants, s’assure une large base politique. Mais cette fusion progressive entre la transition et l’opposition d’hier ne risque-t-elle pas d’éroder le débat démocratique ? L’avenir nous dira si cette convergence est synonyme de stabilité ou de recomposition opportuniste du paysage politique gabonais.