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Gabon: l’amour a t-il tourné court entre la CNNII, l’État gabonais et EBOMAF?

le coup de coeur

Au Gabon, le rêve d’une modernisation du transport fluvial par un partenariat public-privé pourrait bien avoir tourné court. Si l’on en croit les déclarations récentes du Groupe EBOMAF, tout semblait cadré dès le départ : une convention de concession, des engagements mutuels, et une volonté affichée de relancer les activités de la Compagnie Nationale de Navigation Intérieure et Internationale (CNNII). Pourtant, derrière les communiqués rassurants et les justifications techniques, l’affaire aurait basculé dans un engrenage d’incompréhensions, de frustrations mutuelles et d’accusations à peine voilées, jusqu’à ce que le projet chavire. À qui la faute ? Et surtout, qu’a-t-on voulu dissimuler ?

Plusieurs conditions suspensives

À l’origine, une convention signée entre l’État gabonais et le très omniprésent groupe burkinabé EBOMAF. Le document aurait accordé au concessionnaire l’exploitation d’activités traditionnellement assurées par la CNNII. Une opération censée reposer sur plusieurs conditions suspensives : apurement des dettes sociales, transfert de titres fonciers, et mise en œuvre d’un plan social. Mais très vite, EBOMAF se serait heurté à une réalité bien différente de celle présentée sur papier. Les sites censés être mis à disposition n’appartiendraient en réalité pas à l’État mais à des privés. Dès lors, difficile d’exercer « la plénitude des activités concédées », comme stipulé dans les termes de la convention.

Situation financière de la CNNII

En parallèle, la situation financière de la CNNII aurait aggravé les tensions. EBOMAF affirme que les recettes de la compagnie étaient largement insuffisantes pour couvrir les charges courantes, et que l’ensemble des comptes de la CNNII faisait l’objet de saisies judiciaires. Dans ce contexte, le groupe aurait décidé de rediriger les recettes vers un compte séquestre, officiellement pour garantir le fonctionnement de la structure. Une pratique qui soulève tout de même des interrogations : pourquoi l’État n’a-t-il pas imposé un encadrement plus strict de cette gestion transitoire ? Et qui surveillait véritablement les flux financiers à cette étape critique ? Des questions dans réponses pour le moment, mais qui méritent qu’on s’y attarde.

La direction de la CNNII, elle aussi, semble avoir été un terrain miné. Selon nos informations, EBOMAF réfute avoir écarté le directeur général de ses fonctions, accusant au contraire ce dernier de passivité. Le flou persiste : le DG aurait été désigné par EBOMAF lui-même, pour faciliter la gestion de la période transitoire. Alors, pourquoi tant de flou et de confusion autour de ses responsabilités effectives ? À défaut d’un schéma clair et transparent, le système mis en place semble avoir nourri la défiance, tant du personnel que des observateurs extérieurs.

Un divorce inévitable ?

Finalement, le partenariat aurait viré au divorce. Le ton s’est durci, les accusations ont fusé, et le rêve d’un redressement par la voie d’un partenariat stratégique s’est éteint. Certains observateurs n’hésitent pas à qualifier cette tentative de « bluff« , estimant que le groupe burkinabé cherchait à s’approprier les actifs sans endosser les passifs. Un jeu de dupes ? Rien n’est tranché, mais la rupture semble désormais actée : l’État gabonais reprend le contrôle de la CNNII dans la même opacité que la cession. Officiellement, du moins.

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