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Gabon: l’article 33 du projet de Constitution proclame-t-il réellement une politique nataliste? 

le coup de coeur

L’article 33 du projet constitutionnel gabonais, qui affirme que « l’État attache son attachement à la politique nataliste », marque une volonté politique de renforcer la population nationale. Cependant, cette inscription constitutionnelle soulève plusieurs interrogations. D’abord, il convient de souligner que de nombreux pays africains qui ont réussi à mener des politiques natalistes efficaces n’ont pas jugé nécessaire d’inscrire cette approche dans leur Constitution. L’Algérie en est un exemple probant. Bien que le pays ait mené une véritable politique nataliste dès les années 1960, avec des mesures incitatives comme les primes familiales et l’accès à des services de santé pour les mères et les enfants, la Constitution algérienne ne mentionne pas directement la natalité. 

L’Algérie a mis en œuvre des politiques publiques fortes et des programmes dédiés, sans avoir besoin d’ancrer cette vision dans la loi fondamentale. Cela soulève une question : faut-il nécessairement inscrire une politique nataliste dans la Constitution pour qu’elle soit mise en œuvre efficacement ? Les exemples de pays comme l’Algérie, ou même de la Libye sous le régime de Kadhafi, montrent qu’une approche pragmatique, articulée à travers des programmes étatiques bien ciblés, peut suffire à atteindre les objectifs démographiques, sans pour autant en faire un principe constitutionnel.

Encourager la natalité

Cette réflexion remet donc en cause la pertinence d’un article comme l’article 33 dans le contexte gabonais. Bien qu’il soit louable que le Gabon cherche à encourager la natalité, l’inscrire dans la Constitution pourrait donner l’impression que l’Etat cherche à faire de cette question un principe fondateur du pays, alors que des politiques sociales et économiques ciblées peuvent bien plus efficacement atteindre les objectifs démographiques souhaités. En l’absence d’une véritable stratégie nationale, cette inscription constitutionnelle risque de se limiter à un symbole politique, sans avoir l’impact réel que les autorités gabonaises espèrent. 

Quid de l’efficacité d’un recensement décennal ?

L’expérience de nombreux pays africains, qui ont mis en place des politiques natalistes sans recours à une mention constitutionnelle explicite, montre que l’engagement réel de l’Etat dans l’accompagnement des familles, la santé publique et l’économie peut être bien plus déterminant que des déclarations constitutionnelles. En ce qui concerne l’article 34, qui prévoit un recensement général de la population tous les dix ans, cette mesure soulève également des préoccupations. Si l’organisation d’un recensement est essentielle pour une bonne planification démographique et économique, la fréquence de ce recensement, fixée à dix ans, peut sembler insuffisante, notamment dans un contexte de mutations rapides de la population et des dynamiques économiques. 

Dans un monde en constante évolution, où les mobilités humaines et les transformations sociales se produisent à une vitesse accrue, un recensement décennal risque de devenir obsolète avant même d’être complété. De plus, la fiabilité des données démographiques et leur mise à jour régulière sont cruciales pour prendre des décisions politiques éclairées. Les pays qui réussissent à développer des politiques efficaces en matière de natalité, comme le Rwanda ou le Kenya, n’attendent pas nécessairement une décennie pour actualiser leurs données. Au contraire, ces pays ont adopté des stratégies de recensement plus fréquentes et des méthodes de collecte de données plus souples, ce qui leur permet de répondre rapidement aux besoins de la population.

L’article 33 sur la politique nataliste et l’article 34 sur le recensement général de la population soulèvent des questions importantes sur l’efficacité et la pertinence des choix politiques du Gabon. Tandis que l’inscription de la politique nataliste dans la Constitution semble superflue, car des politiques publiques solides suffiraient, la fréquence du recensement général tous les dix ans paraît inadaptée à un contexte où l’agilité et la réactivité sont nécessaires pour prendre des décisions éclairées. C’est à croire qu’il fallait uniquement faire du remplissage pour entourer le sujet essentiel, qui est « l’hyper présidentialisation » tant décriée. 

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