Le groupe béninois Homintec, spécialisé dans l’automatisation des infrastructures routières, tente actuellement de percer en Afrique centrale, avec le Gabon comme point d’ancrage stratégique. Son objectif : convaincre les autorités de lui confier la construction des premiers postes de pesage-péage, à commencer par celui de Lambaréné. Le 5 août 2025, lors d’une entrevue avec le ministère des Travaux Publics, le directeur général Francis Dakota Kossi a annoncé que toute la documentation technique et financière avait été transmise. Reste désormais à transformer l’essai.
Lors de sa séance de travail avec le ministre Edgard Moukoumbi, Homintec a présenté quatre modèles de postes automatisés. Seul un d’entre eux a retenu l’attention : un système intégrant péage électronique, télépaiement, mini-centrale solaire et autonomie en forage d’eau. En clair, un « package intelligent », capable de fonctionner hors réseau dans des zones reculées. Le gouvernement reste toutefois prudent puisqu’il annoncé que « l’offre est à l’étude », comme l’a sobrement indiqué le ministre, conscient des enjeux financiers, logistiques et politiques que porte ce projet.

Ce n’est pas la première tentative d’Homintec sur le continent. Le groupe a déjà déployé des postes de pesage-péage au Burkina Faso, notamment à Tintilou, Boudtenga et Kotedougou, où il a assuré la conception, la construction et la livraison des équipements. En Côte d’Ivoire, Guinée et Togo, il a mis en place des systèmes de contrôle de trafic, de vidéo verbalisation et de péages automatisés. Cette présence en Afrique de l’Ouest lui donne une carte à jouer : celle d’un savoir-faire continental testé en conditions réelles.
L’installation de postes de pesage-péage au Gabon ne se limite pas à encaisser des droits de passage. Il s’agit de protéger les routes nationales contre la surcharge des camions, de mieux contrôler le transport de marchandises, et de sécuriser les recettes liées à l’entretien routier. Dans d’autres pays africains, ces systèmes ont permis de réduire de 20 à 30% l’usure prématurée des routes, tout en améliorant la sécurité sur les axes majeurs. L’État gabonais pourrait donc transformer une faiblesse chronique en opportunité économique.
En s’attaquant au marché gabonais, Homintec espère ouvrir une nouvelle phase de son expansion vers l’Afrique centrale, un territoire encore peu équipé en infrastructures automatisées. Si le poste de Lambaréné est validé, il pourrait servir de modèle pilote pour un déploiement national. Mais la concurrence locale et internationale, les exigences de transparence et la réalité budgétaire pourraient rebattre les cartes. Pour l’instant, le groupe béninois n’a pas encore raflé le marché. Mais il avance, document à la main, vers un terrain où tout reste à construire.