Le Fonds monétaire international (FMI) a actualisé ses perspectives économiques pour le Gabon, prévoyant un taux de croissance de 2,8 % en 2025. Cette estimation, en recul de 0,3 point par rapport à 2024, traduit une forme de stagnation dans la dynamique économique du pays, malgré les efforts de relance engagés. Cette croissance, bien que positive, demeure trop faible pour impulser une transformation structurelle significative de l’économie gabonaise ou pour répondre de manière concrète aux défis du développement.
Le FMI souligne que cette performance modérée reflète un contexte régional marqué par une certaine atonie, mais aussi des fragilités internes persistantes. L’économie gabonaise continue de dépendre fortement de ses secteurs extractifs, en particulier du pétrole et du manganèse. Or, malgré une relative stabilisation des cours mondiaux, les volumes de production ne suivent pas toujours, tandis que les tensions logistiques et les aléas géopolitiques viennent ajouter de l’incertitude.
Par ailleurs, les réformes annoncées en matière de gouvernance économique, de lutte contre la corruption ou de modernisation de l’administration tardent à produire leurs effets. Les investissements privés, pourtant cruciaux pour dynamiser les secteurs porteurs tels que l’agriculture, le tourisme ou les services, restent freinés par un climat des affaires encore jugé peu incitatif. L’environnement réglementaire demeure instable, les procédures administratives complexes, et les garanties juridiques encore insuffisantes pour rassurer les investisseurs nationaux et étrangers, bien que des signes encourageants soient visibles.
D’un point de vue budgétaire, la situation reste également préoccupante. La masse salariale publique, qui devrait atteindre 825,3 milliards de fcfa en 2025, continue de peser lourdement sur les finances de l’État. Les marges de manœuvre pour les investissements d’avenir, notamment dans les infrastructures, l’éducation ou la santé, en pâtissent. À cela s’ajoute un niveau d’endettement qui, bien qu’en voie de stabilisation, impose des arbitrages budgétaires difficiles. Le FMI insiste donc sur l’urgence de rationaliser les dépenses publiques, de renforcer la discipline budgétaire et de mieux cibler les politiques sociales.
Dans ce contexte, le Gabon se retrouve encore une fois à un carrefour stratégique. S’il veut éviter de s’enliser dans une croissance molle, le pays doit impérativement accélérer les réformes structurelles, favoriser une meilleure mobilisation des ressources internes, et créer un environnement économique plus compétitif et inclusif. Le défi est de taille, mais il est aussi une opportunité : celle de bâtir une économie plus résiliente, capable de répondre aux attentes d’une population jeune, urbaine, et de plus en plus exigeante.