Le Conseil des ministres a officialisé ce mercredi 4 juin 2025, la nomination des banques d’affaires Rothschild & Cie et Algest comme conseils stratégiques et financiers de la République gabonaise. Ces cabinets privés, reconnus pour leur expertise dans les opérations financières complexes, accompagneront l’État dans la définition de sa stratégie économique, la mobilisation de financements, ainsi que les négociations avec les bailleurs internationaux. Ce choix témoigne d’une volonté manifeste de professionnaliser la gestion économique du pays, mais inquiète également.
En effet, derrière cette démarche se pose une question plus large : celle de la capacité du Gabon à maîtriser de manière autonome ses leviers économiques dans un contexte de contraintes budgétaires et de forte pression extérieure. Rothschild, acteur majeur de la finance internationale, intervient dans de nombreux pays et secteurs, parfois dans des conditions où ses intérêts peuvent se confondre avec ceux des créanciers privés ou d’autres acteurs étrangers.
Le recours à ce type de cabinets, qui disposent d’une expertise indéniable, peut aussi soulever des interrogations sur la souveraineté économique. En effet, dans un pays dont la dette dépasse aujourd’hui 80% du PIB et où une part importante des ressources stratégiques est contrôlée par des acteurs étrangers, le rôle de conseillers financiers externes n’est pas neutre. Leur influence sur les décisions budgétaires ou les politiques de développement peut être déterminante.
L’histoire économique africaine regorge d’exemples où l’intervention de consultants internationaux a eu des effets ambivalents : si elle a permis parfois d’améliorer la gestion et l’accès aux financements, elle a aussi pu conduire à des réformes contestées, des privatisations précipitées ou des politiques d’austérité aux conséquences sociales lourdes. Dans ce contexte, le choix du Gabon invite à un débat sur les conditions et les limites de cette collaboration.
Cette nomination ouvre par ailleurs une réflexion sur l’équilibre à trouver entre l’expertise internationale nécessaire et la préservation d’une stratégie économique conçue et portée localement. Le défi sera de s’assurer que cette coopération serve avant tout les intérêts du Gabon et de sa population, dans la transparence et la maîtrise des décisions. Chacun pourra donc juger de la portée réelle de ce recours à Rothschild & Cie pour l’avenir économique du pays.