spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon : le grand écart budgétaire du gouvernement concernant la vie chère 

le coup de coeur

Le gouvernement gabonais semble naviguer à vue entre deux impératifs contradictoires. D’un côté, il gèle les exonérations fiscales et douanières pour combler un trou béant de plus de 700 milliards de fcfa dans les caisses de l’État. De l’autre, il supprime la TVA sur les matériaux de construction pour apaiser une opinion publique étranglée par la flambée des prix. Cette politique « à deux vitesses » traduit un mélange des genres budgétaires : comment prétendre optimiser les recettes publiques tout en renonçant volontairement à une partie d’entre elles ?

Derrière l’affichage social, les vrais gagnants de la suspension de la TVA sont loin d’être uniquement les ménages. Le secteur du BTP, dominé par de grands groupes souvent liés à l’État ou à des partenaires étrangers, voit ses coûts s’alléger significativement. Importateurs et distributeurs de ciment, sable et gravier disposent désormais d’une marge de manœuvre accrue, sans que rien ne garantisse que la baisse se répercute réellement sur le consommateur final. Cette mesure présentée comme pro-pouvoir d’achat risque surtout de renforcer des situations de rente au bénéfice d’acteurs puissants.

En effet, cette logique n’est pas nouvelle. Depuis octobre 2024, le gouvernement enchaîne les mesures ponctuelles : mercuriale alimentaire réduisant artificiellement de 20% les prix de base, exonérations ciblées, suspension de taxes. Ces politiques d’urgence ont certes un effet immédiat sur la courbe de l’inflation, mais elles ne s’attaquent pas aux causes structurelles du problème qui vont de la faible diversification fiscale, à l’inefficacité chronique de la collecte en passant par la dépendance aux ressources pétrolières. En réalité, le pays soigne les symptômes sans traiter la maladie.

En accentuant ces « solutions pansements », l’État fragilise sa crédibilité financière et se prive d’une vision stratégique de long terme. La confiance des investisseurs, des bailleurs internationaux et même des citoyens repose sur la lisibilité des choix économiques. Or, comment bâtir un climat de confiance quand les règles changent tous les trois mois, au gré des tensions sociales et des urgences budgétaires ?

Au final, la suppression de la TVA sur le ciment et le sable pourrait bien être une fausse bonne idée. Derrière l’argument de la lutte contre la vie chère, Oyima confirme que l’État se serre la ceinture d’une main tout en desserrant la sangle de l’autre. Si le Gabon veut vraiment stabiliser ses finances et soutenir durablement le pouvoir d’achat, il lui faudra dépasser ces bricolages fiscaux et engager, enfin, les réformes structurelles que tout le monde attend.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles