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Gabon : le mouvement des chômeurs bousculé devant l’Assemblée nationale

le coup de coeur

Depuis un mois, un collectif de jeunes sans emploi tient un sit-in pacifique devant l’Assemblée nationale à Libreville pour réclamer le droit à l’emploi. Ces derniers veulent rappeler aux autorités que derrière les chiffres du chômage ce sont des vies brisées, des familles en détresse et une jeunesse en quête de perspectives. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, aux alentours de 1h du matin, la police est intervenue brutalement. Les manifestants affirment avoir été « dispersés de force » et conduits à la préfecture de police de Nkembo, où ils ont passé la nuit.

Cette opération musclée souligne l’extrême fragilité du climat social. Le Gabon connaît depuis des années un chômage massif, notamment chez les jeunes diplômés, qui dépasse les 30% selon plusieurs estimations. Derrière ces statistiques, des milliers de bacheliers et titulaires de master ou de licence se heurtent à un marché du travail saturé, sans dispositifs solides de reconversion ni programmes d’insertion à grande échelle. Pour ces jeunes, la rue devient alors le dernier espace d’expression, parfois au risque de se heurter à la répression.

Au cœur de leurs revendications, une demande revient avec insistance. A quand la mise en place effective d’une allocation chômage? Annoncée à plusieurs reprises dans les discours officiels, cette mesure n’a jamais été concrétisée de manière universelle. Pourtant, elle offrirait un filet de sécurité minimal à des milliers de Gabonais en quête d’emploi, permettant de restaurer une part de dignité et de réduire la précarité. Les chômeurs dénoncent une promesse restée lettre morte, alors même que l’État cherche à moderniser son système de protection sociale.

L’intervention policière interroge par ailleurs sur la place accordée au dialogue social. Revendiquer un droit constitutionnel, celui d’accéder à l’emploi, ne devrait pas se transformer en délit. Le recours à la force, plutôt qu’à l’écoute, risque d’aggraver le fossé entre une jeunesse en quête d’opportunités et des institutions accusées de surdité. L’absence de médiation visible nourrit un sentiment de marginalisation qui peut accentuer la frustration et fragiliser davantage la cohésion nationale.

Le mouvement des chômeurs, loin de s’essouffler, entend poursuivre ses actions. Ses membres réclament non seulement la création d’emplois durables mais aussi un cadre clair et transparent pour l’allocation chômage. Ils appellent à une concertation nationale sur l’emploi et à un accompagnement digne des diplômés laissés sur le bord du chemin. Face à cette crise silencieuse mais explosive, l’État est désormais placé devant une équation simple : soit donner des réponses concrètes, soit risquer de voir se multiplier les mouvements sociaux dans un pays déjà éprouvé par les inégalités.

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