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Gabon : le pays est riche, mais pourquoi 34,6% des Gabonais vivent encore sous le seuil de pauvreté monétaire ?

le coup de coeur

L’économie gabonaise figure parmi les plus prospères d’Afrique centrale en termes de revenu agrégé par habitant. Selon la BAD, « le revenu national brut par habitant était estimé à 7930 USD en 2024 », ce qui place le Gabon au-dessus de nombreux pays de la sous-région. Pourtant, cette richesse statistique cohabite avec des inégalités sociales profondes. « 34,6% de la population vit encore sous le seuil de pauvreté monétaire », selon le dernier rapport pays de la BAD. Un chiffre hérité de la gouvernance d’Ali Bongo. Cette différence entre richesse macroéconomique et pauvreté réelle illustre ce que l’Étude prospective Gabon 2050 appelle « le paradoxe d’un pays riche en ressources mais pauvre en développement humain ».

L’explication principale réside dans la structure de l’économie sous l’ancien régime dirigé tour à tour par feu Omar Bongo et son fils Ali Bongo. La BAD rappelle que « les hydrocarbures représentent environ 70% des exportations et plus de 30% des recettes budgétaires ». Cette concentration crée une forte dépendance aux cours mondiaux et limite la diversification. L’étude Gabon 2050 souligne que « la rente pétrolière, concentrée entre les mains de l’État et de quelques acteurs privés, n’a pas favorisé une diffusion inclusive de la croissance ». Les emplois créés dans le secteur extractif restent marginaux par rapport aux besoins d’une population jeune et en expansion.

Le système fiscal accentue cette fracture sociale. La BAD note que « la pression fiscale était de 11,9% du PIB en 2024, l’un des taux les plus faibles de la région ». Ce manque de ressources internes bride la capacité de l’État à financer l’éducation, la santé et les infrastructures. L’étude prospective met également en garde contre « l’incapacité de transformer la rente pétrolière en capital humain compromet l’avenir du pays à l’horizon 2050 ». En d’autres termes, l’État dispose de richesses importantes mais ne parvient pas à les canaliser vers des investissements productifs capables de réduire durablement la pauvreté.

L’urbanisation, qui pourrait être une opportunité, accentue paradoxalement ce déséquilibre. La BAD souligne que « 91,4% de la population vit en zone urbaine », faisant du Gabon le pays le plus urbanisé d’Afrique subsaharienne. Or, les grandes villes, notamment Libreville et Port-Gentil, concentrent le chômage et la précarité. « Le taux de chômage des jeunes atteint 36% », selon la BAD. « Sans industrialisation, l’exode rural massif risque de transformer les villes en foyers de tensions sociales » révèle la direction générale de la prospective. Les zones urbaines deviennent alors des espaces de pauvreté visible, où le contraste entre richesse nationale et pauvreté individuelle est le plus frappant.

Ce paradoxe gabonais ne vient donc pas d’un déficit de ressources mais d’une gouvernance qui n’est pas parvenu à transformer la rente en prospérité partagée. L’Étude Gabon 2050 appelle à « un changement de paradigme, fondé sur la valorisation du capital humain, la diversification et une redistribution plus équitable ». Mieux encore, pour améliorer la compétitivité et la stabilité économique du Gabon, les investissements dans les infrastructures, les services financiers et la technologie sont d’une importance capitale. L’avenir du pays dépendra donc de la capacité des nouvelles autorités à transformer sa richesse statistique en richesse vécue.

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