Depuis le coup d’État du 30 août 2023 et l’instauration de la Ve République au Gabon, le Parti démocratique gabonais (PDG), longtemps hégémonique, traverse une crise sans précédent. De nombreuses démissions sont enregistrées dans ses rangs, révélant un émiettement progressif de son socle politique. Après les cadres de la province du Woleu-Ntem, ce sont désormais les anciens dignitaires du premier siège du troisième arrondissement de Libreville qui emboîtent le pas, illustrant une dynamique de rupture avec une organisation politique en perte de vitesse.
La fin d’un ordre politique ancien ?
Ces départs en cascade semblent marquer le crépuscule d’un ordre politique bâti sous les magistères successifs d’Omar Bongo, puis d’Ali Bongo Ondimba. Dans une correspondance adressée récemment au Secrétariat d’arrondissement, les démissionnaires ont clairement exprimé leur volonté de quitter les effectifs du PDG, dénonçant implicitement l’incapacité du parti à s’adapter au nouveau paysage politique.
Des démissions refusées : le PDG dans la tourmente
Mais la direction du parti ne semble pas vouloir lâcher prise. Plusieurs sources font état d’un refus catégorique d’enregistrer ces départs. Maître Minko Mi Abo, huissier de justice, a d’ailleurs été mandaté pour constater la situation. Dans une notification adressée au Secrétariat général du PDG, il rapporte qu’un agent d’accueil, sur instruction du président du parti, aurait refusé de recevoir les lettres de démission. Une situation qui alimente la confusion et pourrait déboucher sur une série de contentieux judiciaires.
Versement une reconfiguration politique inévitable ?
Face à cette hémorragie silencieuse, le Parti démocratique gabonais (PDG), qui a gouverné sans discontinuer de 1967 à 2023, apparaît désormais acculé. Depuis l’éviction d’Ali Bongo du pouvoir, l’ancien parti dominant peine à amorcer une véritable restructuration. Pris en étau entre une perte croissante de légitimité et un déni organisationnel persistant, le PDG semble incapable de répondre aux défis imposés par la nouvelle donne politique. Ainsi, face aux appels à un renouvellement des pratiques politiques dans la Ve République, le PDG est placé devant un choix stratégique : engager une refondation de sa ligne ou maintenir le cap actuel, au risque d’un effacement progressif sur la scène nationale.