spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon: le projet de centrale flottante turque déjà suspendu

le coup de coeur

Le projet de centrale électrique flottante de Karpowership, destiné à résoudre la crise énergétique au Gabon, a été suspendu par la Direction générale de l’énergie (DGE) le 22 novembre 2024. Cette décision intervient après une réunion de haut niveau dirigée par Arnaud Engandji, Conseiller spécial du président de la Transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Bien que les autorités gabonaises n’aient pas précisé les raisons exactes de l’arrêt, la DGE a évoqué «de nombreuses insuffisances dans la mise en œuvre» du projet. En conséquence, une enquête approfondie a été lancée, avec la mise en place d’une commission spéciale pour examiner la viabilité de l’initiative, tout en demandant la coopération de la société turque Karpowership.

Un accord défavorable à la partie gabonaise

Dans un Gabon déjà confronté à des délestages récurrents, la centrale flottante turque, censée apporter une solution rapide et flexible, est devenue un sujet de controverses. Ce projet, qui avait été accueilli avec optimisme au départ, suscite désormais des inquiétudes sur fond de malversations et de luttes de pouvoir. Les conditions du contrat, signé le 14 juin dernier par le ministre de l’Énergie, Jeannot Kalima, sont particulièrement pointées du doigt. Des sources proches du dossier indiquent que l’accord a été défavorable à la partie gabonaise, notamment en raison du prix du kilowattheure et des frais d’immobilisation exorbitants, s’élevant à 7 millions d’euros, que la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) doit payer à Karpowership.

Joël Lehman Sandoungout n’a pas signé l’accord

Les révélations sur l’accord ont provoqué une onde de choc au sein du gouvernement et des entreprises publiques. L’affaire semble impliquée dans un enchevêtrement complexe d’intérêts personnels et de décisions douteuses.

L’ancien DG de la SEEG, Joël Lehman Sandoungout, n’a pas signé le contrat liant l’entreprise qu’il dirigeait à Karpowership. © D.R

L’ancien directeur général de la SEEG, Joël Lehman Sandoungout, aurait d’ailleurs pris soin de laisser son adjoint, Guy Georges Ngamamba, signer le contrat en son nom pour l’opérateur privé, suggérant des tensions internes et une volonté de dissimuler certains aspects de la transaction. Cette opacité a alimenté les soupçons de corruption au sommet de l’État, alors que certains observateurs s’interrogent sur le rôle joué par Pierre Duro, influent conseiller du président de la transition, dans l’attribution de ce marché.

Pierre Duro, quelle niveau d’implication ?

La situation met également en lumière les luttes intestines qui rongent le système de gouvernance gabonais. Pierre Duro, décrit comme l’homme fort du palais, semble bénéficier d’une influence notable auprès du président Brice Clotaire Oligui Nguema, malgré les critiques croissantes de responsables politiques et de médias.

Pierre Duro est un Français, ancien ingénieur d’Elf arrivé au Gabon dans les années 1970. © D.R

Le Français Pierre Duro est un ancien ingénieur d’Elf arrivé au Gabon dans les années 1970. Il avait été nommé autrefois par Ali Bongo Ondimba chef de la taskforce gabonaise sur le règlement de la dette, sans résultat concret. D’ailleurs, nos confrères de Gabonreview révélaient en novembre 2020 que ce dernier était impliqué dans une affaire de fraude fiscale en Espagne.

Un dysfonctionnement au sommet de l’État ?

Alors que le pays est secoué par une crise énergétique grave, marquée par des coupures de courant incessantes, des voix s’élèvent pour dénoncer les choix faits par les dirigeants. Le soutien du président à Duro soulève des questions sur les véritables motivations derrière ce contrat, et sur la manière dont les intérêts du peuple gabonais sont pris en compte dans ces décisions.

Au-delà du seul projet Karpowership, cette affaire est révélatrice de dysfonctionnements profonds au sein de l’administration gabonaise, notamment en matière de gestion énergétique. Si le projet de centrale flottante aurait dû être une réponse à l’urgence énergétique du pays, il apparaît aujourd’hui comme un symbole des dérives d’un système marqué par la corruption et les intérêts personnels. Avec la mise en place d’une enquête, les autorités gabonaises tenteront de faire la lumière sur ces zones d’ombre, mais les interrogations sur l’avenir de ce projet et les responsabilités des différents acteurs impliqués continuent de peser sur l’avenir énergétique du pays.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles