Malgré ses richesses en ressources halieutiques et ses 800 kilomètres de côtes, le secteur de la pêche au Gabon reste dramatiquement sous-exploité en termes de contribution économique. En 2023, selon le ministère de l’Économie et des Participations, la pêche ne représentait qu’une infime portion de 0,14% du PIB, et était quasiment invisible dans les statistiques d’exportation, affichant un taux de 0,00..%. Ce décalage interpelle, alors même que le potentiel naturel semble prometteur pour une activité vibrante et prospère.
Les chiffres témoignent d’une stagnation inquiétante : la Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDI) a rapporté un revenu d’un maigre milliard de francs en 2021, contre 1,4 milliard en 2020. Cela souligne non seulement une baisse des recettes, mais aussi un manque de dynamisme économique dans l’exploitation de ces ressources naturelles.
Une pêche artisanale dominante
En 2020, le secteur comptait 11 814 pêcheurs, dominé à 99,3% par la pêche artisanale, laissant un mince 0,7% à la pêche industrielle. Ce déséquilibre illustre un modèle où la modernisation et l’efficacité pourraient encore largement gagner en importance. La prééminence de la pêche artisanale, principalement contrôlée par des travailleurs expatriés (étrangers) à 86%, selon le ministère de l’Agriculture, montre un secteur où les Gabonais eux-mêmes n’ont pas encore pris la pleine mesure des opportunités existantes.
L’absence d’intégration locale accrue et de développement de compétences en gestion et exploitation des ressources des pêcheurs pose la question de la souveraineté et de la résilience économique. Le manque d’investissement local et d’encadrement pourrait expliquer cette dépendance vis-à-vis des travailleurs expatriés.
Un plan ambitieux pour relever le secteur
Pour redresser cette situation, le gouvernement déchu d’Ali Bongo Ondimba avait, en 2022, élaboré un plan ambitieux de formation s’étendant sur cinq ans, visant à toucher 2600 jeunes. Cet effort devait accompagner un mouvement de relance et de consécration des ressources internes pour bâtir une économie de la pêche plus robuste et pérenne. Mais dans les faits, rien n’a été fait. Cela soulève des attentes et des espoirs pour que des initiatives similaires soient reprises dans le futur afin de transformer le potentiel en réalité tangible.
Cependant, pour un véritable renouveau, il semble indispensable de se concentrer non seulement sur la formation, mais aussi sur le développement des infrastructures, l’application de pratiques durables, et la création de partenariats public-privé pour maximiser à la fois l’exploitation et la conservation des ressources marines.
Modernisation et entrepreneuriat local
Une politique résolue et efficace pourrait faire du secteur de la pêche un pilier économique du Gabon. En investissant dans la modernisation de la flotte, en promouvant l’entrepreneuriat local, et en renforçant les régulations pour une pêche durable, le pays pourrait transformer sa position et tirer pleinement parti de ses ressources océaniques.
La question reste ouverte quant à savoir si le futur leadership pourra et voudra insuffler l’énergie nécessaire pour faire de la pêche un moteur économique, ou si le Gabon continuera à laisser cet atout majeur sombrer dans l’insignifiance économique.








