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Gabon: le secteur privé face à l’hégémonie de l’État, concurrence déloyale ou stratégie d’étouffement ?

le coup de coeur

En multipliant les prises de participation dans des secteurs compétitifs, l’État gabonais semble brouiller les frontières entre ses rôles de régulateur, d’actionnaire et de concurrent. Cette triple casquette pose un problème fondamental : comment assurer l’équité du marché quand l’arbitre est aussi joueur et sponsor d’une des équipes ? Cette situation crée par ailleurs, une asymétrie concurrentielle qui compromet la neutralité de l’État dans ses arbitrages économiques.

Dans les secteurs du bois, du commerce de détail ou du BTP, cette confusion devient critique. Le cas CECA-GADIS, dont l’État détient désormais 35%, soulève de nombreuses questions : les règles du jeu resteront-elles neutres ? Les concurrents bénéficieront-ils des mêmes avantages fiscaux, logistiques ou financiers ? Ou bien assiste-t-on à un retour masqué à une économie administrée ? Ces interrogations minent la confiance des opérateurs privés, locaux comme étrangers.

La Banque mondiale avertit d’un « affaiblissement de la compétitivité » en raison de ces avantages injustifiés. Toute chose qui risque de dissuader les investisseurs, surtout étrangers, déjà frileux à cause du climat des affaires gabonais. Pire encore, cela pourrait conduire les entreprises privées locales à réduire leurs ambitions ou à s’inscrire dans une logique de rente plutôt que d’innovation. L’excès d’intervention publique, loin de stimuler le privé, risque d’asphyxier les initiatives autonomes.

L’exemple d’Agro Business Group (ex-Siat Gabon), où l’État détient 35%, est révélateur : les performances de la société restent médiocres malgré les injections massives, et la concurrence dans le secteur agricole est en train de s’effriter au profit d’un duopole public-privé. Cette concentration nuit à la diversification des acteurs, pourtant essentielle pour la sécurité alimentaire. En tuant la compétition, on affaiblit aussi la résilience de filières entières.

Si le gouvernement veut réellement soutenir le secteur privé, il doit sortir de cette logique ambiguë. Il ne peut être à la fois l’arbitre, le partenaire et le principal acteur économique, sans fausser les équilibres du marché. L’heure est venue d’établir des règles claires, un cadre fiscal neutre, et une séparation nette entre les missions de régulation et les activités commerciales. Faute de quoi, le tissu économique national restera sous tension permanente.

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