Le transport aérien de passagers a progressé de 2,5% au premier trimestre 2025 par rapport à la fin 2024, mais surtout de 7,5% en glissement annuel. Ce chiffre suppose que pour 100 000 passagers enregistrés début 2024, ils sont désormais 107500 au début 2025. Ce retour à la hausse confirme une tendance structurelle, marquée par le regain des déplacements domestiques, que ce soit pour les affaires, le tourisme intérieur ou encore les mobilités liées aux grands projets miniers et pétroliers.
La dynamique est particulièrement soutenue sur les lignes domestiques, qui représentent plus de la moitié du trafic national. Libreville-Port-Gentil, Libreville-Franceville et Libreville-Oyem figurent parmi les routes les plus fréquentées. Pour une compagnie qui transportait 40000 passagers par trimestre sur ces lignes en 2024, une hausse de 7,5% équivaut à 3000 voyageurs supplémentaires, ce qui améliore les taux de remplissage et donc la rentabilité des rotations.
Cette reprise n’est pas sans contreparties. Les tarifs ont été réajustés à la hausse, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Le poste « transport » dans l’inflation nationale a ainsi progressé de +2,6% au premier trimestre, en partie sous l’effet des billets d’avion. Pour un foyer urbain dépensant en moyenne 30000 fcfa par mois en déplacements aériens, la hausse représente environ 780 fcfa supplémentaires par mois. Les entreprises, elles, absorbent une grande partie de cette hausse dans leurs budgets voyages, notamment dans les secteurs pétroliers et miniers.
Le gouvernement a déjà mis en avant l’importance du transport aérien pour l’intégration territoriale et la desserte des zones enclavées. Sans liaisons aériennes fiables, certaines provinces restent isolées, ce qui bride le développement économique régional. La Banque mondiale, de son côté, a déjà recommandé une meilleure articulation entre transport aérien, ferroviaire et routier pour fluidifier les corridors de mobilité.
Si la tendance se poursuit, le secteur aérien pourrait redevenir un moteur de croissance, surtout avec la montée en puissance de compagnies locales. Mais pour que cette dynamique bénéficie à tous, une réflexion sur la régulation tarifaire et sur l’amélioration des infrastructures aéroportuaires (notamment Libreville et Port-Gentil) s’impose. Sans cela, l’augmentation du trafic risque d’accentuer les tensions logistiques et de peser davantage sur les coûts supportés par les ménages et les entreprises.