Si le Gabon est salué dans les rapports comme le pays le plus attractif de la CEMAC pour les investisseurs étrangers, les chiffres révèlent une réalité plus contrastée. En 2024, le pays n’a capté qu’environ 1,8 milliard de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), un montant modeste au regard de ses besoins colossaux en infrastructures et en développement social. Ce contraste met en lumière une dépendance croissante aux financements concessionnels et aux emprunts internationaux.
Pour financer son budget d’investissements 2026, le gouvernement a déjà mobilisé 1800 milliards de fcfa (près de 3 milliards de dollars) auprès d’Afreximbank. Autrement dit, le pays lève plus de ressources par endettement que par capitaux privés entrants. Un paradoxe pour une économie qui se targue d’être “attractive” mais qui peine à transformer cette image en flux significatifs d’IDE.
Cette situation pose une double interrogation. D’une part, sur la qualité de l’attractivité vantée dans les rapports : attire-t-elle vraiment des investissements diversifiés et productifs, ou seulement des capitaux liés aux matières premières ? D’autre part, sur la soutenabilité d’une stratégie de développement qui repose davantage sur l’endettement que sur l’apport de ressources extérieures stables, créatrices d’emplois et de valeur ajoutée locale.
À long terme, le défi pour le Gabon n’est donc pas seulement de figurer en tête d’un classement régional, mais de transformer son potentiel en IDE massifs et diversifiés. Faute de quoi, les grands projets promis seront financés à crédit, avec un risque d’alourdir encore la dette publique et de retarder l’indépendance économique du pays.
D’autant plus que la compétition régionale s’intensifie. Le Tchad, autrefois en retrait, gagne rapidement du terrain et attire de plus en plus d’investisseurs, profitant d’un climat d’affaires en amélioration. Si le Gabon ne convertit pas son “image d’attractivité” en investissements concrets et productifs, il risque de voir sa position de leader vaciller au profit de voisins plus dynamiques.