Dès son arrivée au pouvoir, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a affiché sa volonté de renforcer la souveraineté énergétique du Gabon. La prise de contrôle d’Assala Energy s’inscrivait dans cette stratégie visant à accroître la part du pays dans l’exploitation de ses ressources pétrolières. Cependant, cette ambition semble aujourd’hui se heurter à une réalité bien plus contraignante comme le révèlent nos confrères du très introduit Africa Intelligence ce mercredi 2 avril. Les difficultés rencontrées par l’entreprise pétrolière montrent que la transition énergétique nationale ne peut pas se résumer à une simple acquisition d’actifs.
Des puits improductifs
Le premier obstacle est technique. Les puits présentés comme des opportunités stratégiques par le CTRI se sont avérés improductifs. En effet, Rabunga-A, Rossignol-A et Totou-NE n’ont pas délivré les ressources espérées et le puits Totou-E a vu ses travaux interrompus. Ces échecs illustrent un manque criant de planification et d’études préalables avant l’acquisition. Une telle situation soulève des questions sur l’anticipation des risques et la capacité du Gabon à gérer efficacement ses actifs pétroliers.
Le deuxième obstacle est économique. Avec une prévision de baisse de production de 4,9 % en 2025, Assala Energy ne parviendra pas à compenser les déficits causés par l’épuisement naturel des réserves. Or, la réduction des recettes pétrolières affectera directement le budget de l’État, qui repose en grande partie sur les exportations d’hydrocarbures. Cette contraction des revenus pourrait contraindre le gouvernement à revoir ses engagements financiers, notamment en matière d’investissements publics et de remboursement de la dette.
Absence de leadership
Le troisième obstacle est managérial. L’absence de direction stable à la tête d’Assala Energy empêche toute stratégie de redressement. Un an après l’acquisition, les postes-clés sont encore vacants et la transition administrative entre Carlyle et GOC peine à aboutir. Ce manque de leadership a des conséquences directes sur la capacité de l’entreprise à mettre en œuvre des solutions adaptées aux difficultés actuelles.
Les ambitions du CTRI en matière de souveraineté énergétique se retrouvent confrontées à une réalité bien plus complexe. Les problèmes liés à l’exploration, la production et la gestion d’Assala Energy illustrent les limites d’une approche centrée sur le rachat d’actifs sans planification rigoureuse. Si des mesures correctives ne sont pas prises rapidement, cette acquisition risque de se transformer en un fardeau financier et économique durable pour le Gabon.