Au premier trimestre 2025, la production nationale de grumes a reculé de 5,3% par rapport au quatrième trimestre 2024, tombant à environ 702000 m³, contre 741000 m³ trois mois plus tôt. Cette baisse s’explique par des pluies abondantes qui ont rendu impraticables les pistes forestières reliant les sites d’exploitation aux usines de transformation. Les transporteurs ont dû réduire leurs rotations, ce qui a directement freiné les volumes livrés.
C’est ce qui ressort de la dernière note de conjoncture sectorielle. En glissement annuel, la production de grumes progresse de 10,3% par rapport au premier trimestre 2024, soit un gain de près de 65000 m³. Cette hausse s’explique par un carnet de commandes plus fourni, notamment vers la Chine et l’Inde, deux marchés qui absorbent à eux seuls plus de 75% des exportations de bois gabonais. L’effet positif de la demande mondiale a donc compensé partiellement les difficultés saisonnières.
Toutefois, la filière reste fragilisée par les limites du transport ferroviaire. La rareté des wagons disponibles sur le Transgabonais, essentielle pour acheminer les grumes et placages jusqu’au port d’Owendo, a aggravé les retards. Les opérateurs estiment que près de 15% des volumes disponibles n’ont pas pu être évacués dans les délais, ce qui a entraîné des surcoûts logistiques et des pertes commerciales.
Les difficultés du secteur forestier ont des implications budgétaires importantes. Le bois représentait encore 12% des exportations totales du Gabon en 2024, et les recettes fiscales issues de la filière s’élevaient à près de 90 milliards de fcfa. La baisse conjoncturelle de début 2025 réduit donc mécaniquement la contribution au budget de l’État, dans un contexte où les hydrocarbures reculent également.
Le document de cadrage économique insiste d’ailleurs sur la nécessité de moderniser les infrastructures ferroviaires et d’accroître les capacités de transformation locale. Actuellement, seulement 40% des grumes sont transformées sur place, malgré l’interdiction d’export brut instaurée depuis 2010. La Banque mondiale relève que cette faible intégration prive le pays de plus de 150 milliards de fcfa de valeur ajoutée par an. Le premier trimestre 2025 confirme donc que la compétitivité du bois gabonais dépendra autant de la logistique que de l’industrialisation.