Le plan de redressement présenté récemment par le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Dr. Olivier Rebienot Pellegrin, marque une volonté claire de rationaliser la gestion après la période d’administration provisoire. Toutefois, plusieurs zones d’ombre subsistent quant à l’efficacité réelle des mesures annoncées. Trois grandes faiblesses apparaissent : le déficit de compétences internes, la question du recouvrement des cotisations et la gouvernance.
La première faille concerne essentiellement le capital humain. Le recensement biométrique de 2024 a révélé que seulement 9% des 1770 employés de la CNSS sont formés aux métiers de la sécurité sociale. Un chiffre qui traduit un manque d’adéquation entre les profils disponibles et les missions de l’institution. Or, le plan présenté insiste sur la réduction des charges de personnel, sans détailler un programme massif de formation ou de reconversion. Cette approche risque de limiter les capacités de la CNSS à améliorer la qualité de ses services et à se moderniser.
Le deuxième point faible est lié au recouvrement, cœur de la viabilité financière d’un organisme de sécurité sociale. Le directeur général a reconnu les difficultés mais n’a pas annoncé de mécanismes précis pour renforcer la collecte auprès des entreprises privées et des entités publiques. Or, le retard chronique de l’État et des employeurs dans le paiement des cotisations reste l’un des principaux obstacles au redressement durable. Sans dispositif renforcé de contrôle et de sanctions, les efforts de rationalisation interne risquent de rester insuffisants.
La gouvernance constitue le troisième maillon faible. Le plan met l’accent sur la responsabilisation des agents et la discipline interne, mais ne propose pas de mesures claires pour améliorer la transparence et l’efficacité des processus. La CNSS traîne un héritage marqué par des fraudes et des pratiques opaques. Sans audits réguliers, digitalisation systématique des procédures et mécanismes de redevabilité, les risques de dérives persistent, malgré les bonnes intentions affichées par la direction.
En définitive, ce plan de redressement de la CNSS qui « vise à rationaliser l’ensemble des charges » comme l’a rappelé son directeur général, traduit une volonté de changement, mais ses contours restent fragiles face à l’ampleur des défis. La formation des agents, la sécurisation du recouvrement et la modernisation de la gouvernance apparaissent comme les trois leviers indispensables pour un redressement durable. À défaut d’actions concrètes dans ces domaines, l’institution risque de rester confrontée aux mêmes difficultés structurelles dans les années à venir.