C’est l’une des annonces les plus lourdes du Conseil des ministres du 23 octobre 2025. Le gouvernement crée officiellement l’Inspection Générale des Finances (IGF), un organe stratégique chargé de renforcer l’audit, le contrôle et la gouvernance financière de l’administration publique. L’objectif : traquer les dérives budgétaires, contrôler les dépenses publiques et restaurer la discipline financière dans un contexte marqué par les tensions budgétaires et la perte de confiance des partenaires internationaux.
L’IGF aura pour mission de passer au crible la gestion des ministères, des établissements publics et des projets financés par l’État. Elle devra identifier les dysfonctionnements, évaluer la conformité des dépenses et recommander des mesures correctives. Cette initiative intervient alors que la Banque africaine de développement estime que le Gabon perd jusqu’à 3 % de son PIB chaque année à cause de la mauvaise gestion et de la corruption. En d’autres termes, plusieurs centaines de milliards de francs cfa échappent encore au contrôle de l’État.
Le gouvernement espère que cette nouvelle structure permettra d’enrayer cette hémorragie financière. Mais pour réussir, l’IGF devra être réellement indépendante. Son efficacité dépendra de sa capacité à auditer sans pression politique, à publier ses conclusions et à déclencher des sanctions lorsqu’il le faut. Plusieurs observateurs rappellent que de précédents organes de contrôle ont fini neutralisés par les interférences hiérarchiques.
L’enjeu est donc d’assurer à l’IGF un statut autonome, avec des inspecteurs formés, protégés et dotés de pouvoirs d’investigation étendus. Une réforme de la loi sur la gestion des finances publiques pourrait d’ailleurs accompagner sa mise en place. L’expérience internationale montre qu’une inspection des finances bien structurée peut changer le visage d’un pays.
Au Maroc, en France ou encore au Bénin, ces institutions ont contribué à réduire les fraudes et à améliorer la performance budgétaire. Si le Gabon parvient à suivre cet exemple, l’IGF pourrait devenir la pierre angulaire de la transparence et de la rigueur dans la gestion publique. Un test décisif pour un État qui veut montrer qu’il en a fini avec le laxisme et les dépenses incontrôlées.
Par ailleurs, toutes ces réformes incluant l’élaboration et la mise en œuvre d’une nouvelle politique économique, budgétaire et financière ou encore la promotion des investissements et des PPP, sont de nature à rassurer les partenaires techniques et financiers.








