Au Gabon, la jeunesse est régulièrement mise en avant dans les discours politiques, mais ses véritables enjeux demeurent largement ignorés par les réformes en cours. La crise économique, la montée du chômage et l’insuffisance des infrastructures éducatives mettent en lumière l’incapacité du pays à offrir à sa jeunesse les opportunités qu’elle mérite. Les récentes initiatives politiques, notamment la révision constitutionnelle et les ajustements budgétaires qui la précèdent, semblent davantage concentrées sur la concentration du pouvoir exécutif que sur des actions concrètes pour résoudre les défis économiques et sociaux de la jeunesse gabonaise.
L’un des domaines les plus préoccupants reste celui de l’éducation. Alors que l’éducation devrait être la pierre angulaire de tout développement économique et social durable, le Gabon continue de faire face à un sous-investissement chronique dans ce secteur. Le manque de financements pour l’éducation, la vétusté des infrastructures scolaires et la faible qualité de l’enseignement sont des problématiques majeures qui compromettent l’avenir de la jeunesse gabonaise. Selon les derniers rapports, les dépenses publiques allouées à l’éducation restent largement insuffisantes pour couvrir les besoins fondamentaux avec seulement 2,2% du budget des dépenses affectées à l’éducation, laissant de côté l’amélioration de l’infrastructure scolaire, la formation des enseignants et l’accès à des formations de qualité pour les jeunes.
L’éducation, un levier essentiel
L’éducation, qui devrait être un levier essentiel pour préparer les jeunes à intégrer le marché du travail et participer au développement du pays, se trouve réduite à un rôle secondaire dans les priorités gouvernementales. En 2025, le budget alloué à ce secteur sera encore une fois bien inférieur à ce qui serait nécessaire pour faire face à la demande croissante de formation de qualité. Ce sous-financement a des conséquences directes : l’accès à l’enseignement supérieur est limité, les jeunes diplômés se retrouvent souvent sans emploi ou sans les compétences adaptées au marché, et le taux de chômage chez les jeunes ne cesse d’augmenter.

Ce manque de vision à long terme pour l’éducation et la formation professionnelle est d’autant plus flagrant que le Gabon, en dépit de ses ressources naturelles, peine à diversifier son économie. Dans un pays où les secteurs tels que l’agriculture, le tourisme ou l’industrie sont sous-développés, l’absence d’une véritable politique d’éducation axée sur les besoins de ces secteurs freine la création d’emplois durables et la capacité des jeunes à saisir les opportunités économiques. La jeunesse est ainsi doublement pénalisée : par l’absence de formations adaptées et par un manque d’investissements dans les secteurs porteurs qui pourraient générer des emplois.
Une jeunesse utilisée pour servir de sombres desseins
Dans le cadre de la révision constitutionnelle, où le texte met l’accent sur un renforcement des pouvoirs présidentiels, il n’est nulle part question de réformes ambitieuses pour l’éducation ou la formation professionnelle. Le renforcement du pouvoir exécutif semble bien loin des véritables priorités économiques et sociales, qui incluent, en priorité, la création d’un environnement favorable à l’épanouissement des jeunes. Les politiques publiques, telles qu’elles sont proposées, risquent de maintenir, voire d’aggraver, les inégalités déjà présentes dans la société, notamment celles liées à l’accès à une éducation de qualité.

Dans le même temps, cette même jeunesse est utilisée pour servir de sombres desseins. Exhibée comme un trophée. Utilisée pour servir de faire valoir dans une campagne référendaire qu’elle ne comprend pas. Une image qui fait face à la stagnation des réformes éducatives et à l’instrumentalisation de la jeunesse pour des objectifs politiques, il est légitime de se demander si le Gabon est réellement prêt à investir dans l’avenir de sa jeunesse ou s’il continuera à l’utiliser comme un levier politique sans offrir de véritables perspectives de développement économique et social. Une véritable politique de développement devrait d’abord se fonder sur une réforme en profondeur du système éducatif, capable de répondre aux besoins du marché du travail et de former les jeunes aux défis de demain.