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Gabon: moins de pétrole, plus de manganèse et d’or, comment le pays rééquilibre ses revenus extérieurs

le coup de coeur

Le dernier rapport de la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale (DGEPF) met en évidence une transformation progressive de la structure des exportations du Gabon. En 2024, les ventes de pétrole, principale source de devises du pays, ont reculé de -2,3% pour s’établir à 3686 milliards de fcfa, confirmant une tendance baissière observée depuis plusieurs années. Parallèlement, le manganèse, deuxième produit d’exportation du pays, a progressé de +14,3%, atteignant 847,5 milliards de fcfa, tandis que l’or a enregistré une envolée spectaculaire de +183,3%, passant de 24 milliards en 2023 à 68,1 milliards en 2024. 

Capitaliser sur les matières premières minières

Cette évolution rejoint les analyses de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui souligne que les économies africaines fortement dépendantes des hydrocarbures doivent impérativement diversifier leurs bases productives pour renforcer leur résilience. Le cas du Gabon illustre cette nécessité : si la baisse des exportations de pétrole fragilise mécaniquement la balance commerciale, la montée en puissance d’autres ressources comme le manganèse et l’or atténue ce choc et limite la dépendance aux fluctuations mondiales du baril. 

Dans son rapport 2024, la BAD encourage d’ailleurs le Gabon à capitaliser sur les matières premières minières pour diversifier leurs recettes et stabiliser leurs finances publiques. Pour autant, cette progression de l’or et du manganèse doit être analysée avec prudence. En effet, ces deux produits demeurent fortement exposés aux variations de la demande internationale, en particulier celle de la Chine, principal client du Gabon pour le manganèse. La BAD rappelle à cet effet, que la dépendance à quelques partenaires commerciaux limite la marge de manœuvre et rend le pays vulnérable aux cycles économiques mondiaux.

Nécessité de transformer cette dynamique en une opportunité d’industrialisation

En d’autres termes, même si la diversification intra-minière est une avancée, elle ne constitue pas une diversification structurelle de l’économie. Le Gabon exporte toujours majoritairement des matières premières brutes, sans réelle valeur ajoutée locale, ce qui limite les effets positifs sur l’emploi et le tissu productif national.

La DGEPF insiste pour sa part, sur la nécessité de transformer cette dynamique en une opportunité d’industrialisation. Le développement d’usines de transformation du manganèse ou du raffinage de l’or permettrait au pays de capter une plus grande partie de la valeur ajoutée et de réduire le poids des importations de produits finis. Le tableau qu’elle dresse pour l’année 2024 laisse apparaître une balance commerciale globalement excédentaire, mais de plus en plus fragile. 

La baisse du pétrole est partiellement compensée par le dynamisme du manganèse et de l’or, mais cette transition reste limitée si elle ne s’accompagne pas d’une réelle politique de diversification et d’industrialisation. L’avenir des économies africaines ne repose plus uniquement sur l’exploitation des ressources naturelles, mais sur leur transformation locale et la capacité à développer de nouveaux secteurs, comme l’agriculture, l’énergie renouvelable et les services.

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