Reçu ce 9 juillet à Washington par le président américain Donald Trump, dans le cadre d’un dîner de travail de haut niveau, le président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, a réaffirmé la vision du Gabon : bâtir une économie forte, souveraine et tournée vers l’avenir. Le président gabonais a également mis en avant la volonté de construire des partenariats « gagnant-gagnant », estimant que l’industrie pétrolière devait être « plus forte, plus résiliente et plus inclusive ». Ce discours, prononcé devant un parterre d’investisseurs, fait écho à la stratégie de souveraineté énergétique que le régime met en avant depuis la nationalisation d’Assala Energy en 2024 et le renforcement du rôle de la Gabon Oil Company (GOC). Mais il traduit aussi un certain réalisme économique. Le pays a besoin de capitaux, de technologie et de savoir-faire pour exploiter les ressources offshore, notamment en eaux profondes.
Ces discussions avec ExxonMobil interviennent dans un climat d’incertitude sur le cadre juridique et fiscal applicable. Le nouveau code des hydrocarbures adopté en 2019 n’a pas encore convaincu tous les investisseurs, malgré une baisse de la part de l’État dans les contrats pour accroître la compétitivité. De plus, les difficultés internes à la GOC, combinées à une instabilité contractuelle héritée du régime précédent, continuent de peser sur la crédibilité du pays auprès des grands groupes.

Le retour d’un acteur aussi stratégique qu’ExxonMobil dans les négociations pourrait toutefois constituer un signal positif pour les marchés, à condition que les engagements soient clairs et durables. Pour le Gabon, il s’agit de trouver un équilibre entre l’ouverture aux capitaux étrangers et la défense d’un contenu local ambitieux, en imposant notamment des transferts de compétence, une sous-traitance locale structurée, et des garanties fiscales stables.
À l’heure où Libreville cherche à rétablir sa position dans le concert des producteurs africains, la relance de l’offshore pourrait jouer un rôle clé dans la reprise économique. Mais elle ne pourra réussir qu’à la condition de repenser en profondeur la gouvernance du secteur, de sécuriser les investissements à long terme, et de s’assurer que les fruits de cette exploitation bénéficient aux populations. Le dialogue avec ExxonMobil est peut-être un début, mais le chantier est encore immense.