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Gabon : Perenco mise en cause par l’ONEP pour conflit d’intérêts et entrave à la liberté syndicale ?

le coup de coeur

Dans un courrier adressé le 6 avril 2025 à la direction conformité du groupe Perenco, l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) accuse la filiale gabonaise Perenco Oil & Gas Gabon (POGG) de pratiques contraires à l’éthique et au droit du travail. L’organisation syndicale dénonce « la collusion manifeste entre la direction générale de Perenco et le Syndicat Autonome des Pétroliers (SAP) », ainsi que « l’existence d’un climat social délétère orchestré par l’employeur ». Elle s’appuie sur des documents contractuels et des faits survenus ces deux dernières années, jugés suffisamment graves pour alerter les autorités gabonaises compétentes.

Le cœur de la dénonciation repose sur un conflit d’intérêts impliquant Patrick Yénou, Secrétaire général exécutif du SAP, qui serait également le gérant de la société Logistic Services, prestataire de Perenco. Selon l’ONEP, cette double fonction violerait les principes d’indépendance syndicale et crée une situation où le SAP « ne peut plus se prévaloir du caractère autonome et impartial qui fonde l’action syndicale ». Le syndicat précise que cette situation « jette un doute sur la légitimité de la convention d’entreprise » signée en 2020 entre Perenco et le SAP, et cite un contrat commercial conclu en 2022 entre Perenco et Logistic Services comme preuve d’une proximité problématique.

Sur le terrain, l’ONEP affirme que cette relation s’est traduite par une ingérence active de la direction dans les élections professionnelles, où des agents de l’entreprise auraient « exercé des pressions sur les travailleurs pour qu’ils se désaffilient de l’ONEP » et « donné des consignes de vote en faveur des délégués SAP », y compris auprès de salariés expatriés. L’organisation syndicale considère ces actes comme « une atteinte grave à la liberté syndicale », contraire aux articles 15 et 304 du Code du travail gabonais, et en contradiction avec les principes affichés dans la charte éthique du groupe Perenco.

L’ONEP évoque également un incident survenu en octobre 2023, lorsqu’un groupe de salariés a demandé la révocation de certains délégués SAP. Cette démarche aurait été suivie de « convocations abusives, ruptures de contrats de travail et intimidations », que l’organisation interprète comme des représailles destinées à étouffer toute contestation. Le syndicat dénonce dès lors « une instrumentalisation du pouvoir disciplinaire de l’entreprise pour museler les voix dissidentes », et s’inquiète de la persistance d’un climat de pression incompatible avec un dialogue social équilibré.

Pour appuyer sa démarche, l’ONEP a transmis copie de son courrier au ministre du Travail, à l’Inspecteur Spécial du secteur pétrolier et au président de la Commission de dialogue social. Elle appelle à des mesures correctives pour rétablir un cadre respectueux du droit syndical. À ce stade, ni Perenco Gabon ni le SAP n’ont réagi publiquement à ces accusations. Mais cette affaire pourrait relancer les débats sur les pratiques sociales dans le secteur pétrolier, pilier stratégique de l’économie gabonaise et régulièrement critiqué pour son manque de transparence en matière de gouvernance interne. Nous y reviendrons. 

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