Le PIB par habitant du Gabon est passé de 8517 USD en 2020 à 7675 USD en 2024 selon la Banque mondiale (BM) dans sa dernière note de conjoncture centrée sur le Gabon. C’est une baisse de 10% en quatre ans. Cette évolution, dans un contexte de croissance démographique rapide, révèle une détérioration du niveau de vie moyen. Alors que l’économie nationale demeure alimentée par les rentes extractives, la population, elle, n’en voit que peu les retombées concrètes. Le pays s’appauvrit à mesure qu’il croît.
Augmentation du RNB
L’augmentation du revenu national brut (RNB) global ne se traduit pas par une amélioration du bien-être collectif. La concentration de la richesse, la faiblesse de la redistribution fiscale, et la faible densité des services publics dans les provinces expliquent en partie ce paradoxe. À cela s’ajoute une érosion grandissante du pouvoir d’achat, liée à l’inflation importée, au chômage endémique et à la volatilité des revenus informels.
Les réformes fiscales engagées depuis 2022 n’ont pas encore permis de dégager suffisamment de recettes pour alimenter les secteurs sociaux et stimuler la consommation intérieure. Or, sans élargissement de la base fiscale et sans relance du tissu productif, il est peu probable que le PIB par habitant retrouve son niveau d’avant crise à court terme. La contraction récente des investissements publics dans les secteurs sociaux n’arrange pas les choses.
Adopter une stratégie volontariste d’investissement humain
Les inégalités territoriales renforcent ce tableau. Si Libreville et Port-Gentil concentrent les flux d’investissement et les revenus élevés, le reste du pays reste largement à l’écart. Dans des provinces comme la Ngounié ou l’Ogooué-Lolo, le PIB par habitant réel pourrait être inférieur de moitié à la moyenne nationale. Ce déséquilibre spatial rend toute lecture unique du PIB par habitant trompeuse.
Pour redresser la courbe, le gouvernement devra adopter une stratégie volontariste d’investissement humain, mais aussi enclencher une transformation structurelle du modèle économique. Si le gouvernement Oligui multiplie les annonces en ce sens avec un objectif ambitieux de croissance à deux chiffres à moyen terme, un plan de développement de la croissance en six piliers, sa mise en œuvre ne pourra profiter aux populations que si elle rend visible, les invisibles.