Lors d’une récente assemblée syndicale, Pierre Mintsa, président de la confédération « La Machette Syndicale des Travailleurs Gabonais », a déclaré sans sourciller que « les 28 milliards de fcfa perçus par les retraités n’étaient inscrits nulle part dans la loi de finances, c’était un don personnel du président Oligui Nguéma ». Une affirmation aussi grave que déroutante, qui soulève des interrogations profondes sur la conception même de la gestion publique dans un État censé reposer sur la légalité budgétaire et la séparation des finances privées et publiques.
Paiement des rappels : un acte de charité ?
Présenter le paiement des rappels de pension comme un acte de charité présidentielle revient tout de même à piétiner le principe de l’obligation de l’État envers ses anciens agents. Le gouvernement avait annoncé en novembre 2024 le déblocage de 36,1 milliards de fcfa pour apurer une partie des rappels dus à 37 139 agents publics et retraités. Cette opération, fruit d’un engagement de l’État, devait s’inscrire dans une démarche de régularisation progressive d’une dette sociale accumulée. Pourquoi alors M. Mintsa tente-t-il de réécrire l’histoire en l’attribuant à la générosité d’un seul homme ?
Quid de la transparence du patrimoine du président ?
Si, comme le prétend le syndicaliste, ces fonds proviennent bel et bien des ressources personnelles du président de la Transition, une question s’impose avec acuité : d’où vient la fortune colossale qui permettrait à un chef d’État de distribuer 28 milliards fcfa à titre personnel ? Cette affirmation, à défaut d’être étayée, donne lieu à deux lectures inquiétantes : soit elle est fausse et relève d’une tentative de flatterie démagogique, soit elle est vraie, et soulève de sérieux doutes sur la transparence du patrimoine présidentiel.
Il convient également de rappeler que cette campagne de paiement des rappels a été entachée d’irrégularités. De nombreux syndicats, dont le SENA, ont dénoncé une sélection arbitraire des bénéficiaires et une opération de communication plus qu’une réelle volonté de justice sociale. Des milliers de fonctionnaires attendent toujours leur dû dans l’opacité la plus totale, pendant qu’on leur sert des discours à la gloire du « bâtisseur ».