Le projet de loi de finances 2026, adopté en Conseil des ministres ce lundi 8 septembre 2025, affiche un budget inédit de 7233,3 milliards de fcfa. L’exécutif met en avant la méthode du « budget base zéro », censée garantir rigueur et transparence en exigeant que chaque dépense soit justifiée par son impact. Sur le papier, il s’agit d’un tournant majeur vers une gestion publique plus moderne et plus efficace.
Mais dans les faits, ce volontarisme rappelle fortement le discours d’Ali Bongo lors de son premier mandat. Lui aussi avait promis discipline budgétaire, rationalisation des dépenses et investissements massifs pour diversifier l’économie. Quinze ans plus tard, les mêmes maux persistent entre corruption endémique, circuits opaques dans la commande publique et faible capacité d’absorption des crédits. Autant d’obstacles qui risquent de réduire à néant l’ambition affichée.
Le gouvernement projette une croissance de 7,9% en 2026, tirée par un investissement record de 3321,5 milliards de fcfa. Mais cette projection devrait se heurter au même paradoxe que les précédents budgets d’investissements, qui ont rarement été exécutés au-delà de 60%, faute de gouvernance efficace et d’un suivi rigoureux. Le ministère de l’Économie lui-même rappelait la nécessité « d’optimiser la chaîne d’investissement » pour éviter retards et blocages. La transparence annoncée reste donc à démontrer.
Pour mémoire, le budget 2012 d’Ali Bongo s’élevait déjà à plus de 2500 milliards de fcfa, avec une enveloppe d’investissements avoisinant 1300 milliards. Mais à l’époque, la mise en œuvre avait été plombée par la gabegie et des projets emblématiques comme les “zones agricoles à forte productivité” n’ont jamais produit les résultats attendus. La similitude avec 2026 est frappante : ambition affichée, moyens colossaux, mais gouvernance déficiente.
Avec ce budget record, l’État cherche à envoyer un signal fort aux bailleurs et aux citoyens. Mais la crédibilité d’une telle démarche ne pourra être validée qu’à travers des réformes réelles de la gouvernance publique. Tant que les pratiques de détournements, de surfacturations et de clientélisme ne seront pas combattues efficacement, ce budget risque de rester un exercice de communication plus qu’un instrument de transformation.