Face à la crise économique persistante et à la nécessité de diversifier ses sources de financement, le Gabon pourrait s’interroger : pourquoi ne pas imiter l’Égypte et aller chercher massivement des investissements auprès des fonds souverains du Golfe ? Alors que des pays comme l’Égypte sécurisent des milliards de dollars grâce à une diplomatie économique agressive et des projets ambitieux, le Gabon continue de miser quasi exclusivement sur la dette classique ou les appuis multilatéraux.
Les monarchies pétrolières du Golfe disposent pourtant d’une manne financière gigantesque, qu’elles cherchent à investir dans des projets rentables, structurants et stratégiques à l’international. Le Qatar, Abu Dhabi, l’Arabie Saoudite multiplient les placements en Afrique, dans des secteurs comme le tourisme, l’agriculture, l’énergie ou les infrastructures. Encore faut-il leur présenter des projets bancables, adossés à une gouvernance solide et une vision claire du développement.
Le Gabon dispose pourtant d’un potentiel touristique inexploité, d’un littoral de qualité, de ressources naturelles abondantes et d’un besoin criant d’infrastructures modernes. Pourquoi ne pas proposer, par exemple, une zone touristique intégrée autour de Pongara, un complexe portuaire à Mayumba, ou une cité technologique autour de l’Université Omar Bongo, cofinancée par un fonds du Golfe ? Ce type de vision stratégique fait défaut.
Le verrou se situe peut-être dans l’absence de coordination entre les ministères sectoriels, dans la méfiance vis-à-vis des partenaires non traditionnels ou dans la lenteur des réformes institutionnelles. Pourtant, le contexte géopolitique est favorable : les États du Golfe cherchent à diversifier leurs partenaires africains, au-delà du Maroc, de l’Égypte ou du Sénégal.
Il serait peut-être temps que le Gabon, au lieu de rester dans l’attentisme, adopte une diplomatie économique plus audacieuse, proactive, et structurée autour de projets concrets. Miser sur les fonds souverains du Golfe, c’est aussi miser sur une nouvelle forme de partenariat gagnant-gagnant qui pourrait propulser le pays vers une nouvelle phase de transformation.
