Le 15 avril 2024, les anciens locaux de Sucaf ont changé de mains. L’entreprise a été cédée pour un franc symbolique au groupe MFB International et rebaptisée Sucreries du Gabon S.A.. Le discours officiel affichait l’ambition de relancer la production nationale de sucre pour répondre aux besoins du pays, moderniser l’usine, créer des emplois, et réduire drastiquement les importations. L’État gabonais, principal instigateur de cette opération, se présentait comme le garant d’un redémarrage rapide.
Pourtant, dix-huit mois après cet acte symbolique, le bilan reste plus que mitigé. Les premiers mois ont été marqués par des pénuries récurrentes de sucre sur le marché intérieur et par une incapacité à atteindre les volumes de production annoncés. Les observateurs ont pointé des retards d’approvisionnement et l’impossibilité pour l’entreprise de livrer comme elle l’avait promis.
Face à cette situation, le nouveau directeur a bien annoncé un redémarrage officiel en juillet 2025 avec un « objectif » de 25 000 tonnes pour la campagne 2025-2026, mais ce chiffre reste à délivrer et doit encore être prouvé par des faits. Sur le plan industriel, les promesses de modernisation apparaissent pour l’instant largement sur le papier.
La mise à niveau des installations prévue dès 2024, tarde à se matérialiser, et l’outil industriel est resté inactif ou à faible cadence pendant plusieurs mois. Le manque de communication transparente sur les investissements réellement engagés, ainsi que sur l’état des machines et des stocks, alimente les doutes quant à la volonté réelle de relance et à la solidité financière du projet. Certains employés évoquent une « marche à l’aveugle » et un absentéisme d’informations. Le discours officiel, pourtant, ne manque pas de verbe : « autosuffisance en sucre », « relance industrielle d’envergure », « création d’emplois stables ».
Sur le terrain pourtant, les consommateurs continuent d’importer massivement ou dépendent d’importations au lieu de la production locale, ce qui diminue notablement la crédibilité des annonces. Cet écart entre la promesse publique et la réalité de marché suscite une interrogation sérieuse : s’agit-il d’un simple délai de mise en œuvre ou d’un projet sous-dimensionné voire mal préparé ? Affaire à suivre.