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Gabon : quand l’exécutif mendie sa lumière à la Guinée équatoriale

le coup de coeur

Que la SEEG, fleuron historique du service public au Gabon, soit aujourd’hui contrainte d’appeler à la rescousse des techniciens étrangers pour réparer un simple câble haute tension illustre une débâcle technique et institutionnelle d’une rare gravité. Ce qui aurait dû être une opération de routine est devenu un événement majeur, révélant l’incapacité flagrante du pays à mobiliser ses propres ressources humaines qualifiées. Pire encore, ce sont des équipes venues de Guinée équatoriale qui volent au secours de Libreville. Ce renversement est un véritable camouflet pour l’image du Gabon, autrefois considéré comme un leader régional en matière d’énergie.

Ce recours d’urgence sonne comme un aveu d’échec cinglant pour les responsables de la formation professionnelle et les dirigeants de la SEEG, incapables d’anticiper les besoins croissants en maintenance d’un réseau censé être vital. Au lieu de préparer leurs agents à intervenir efficacement sur des infrastructures stratégiques, ils ont laissé le système se dégrader jusqu’à provoquer une panne critique. Ce déficit de compétences locales traduit une gestion défaillante des ressources humaines, et plus largement, un manque de vision dans la planification des investissements humains et techniques. Le Gabon, qui ambitionne de devenir un hub énergétique, n’a même pas les moyens d’assurer la continuité du service dans sa propre capitale.

Au-delà de la seule panne, cette situation traduit un profond malaise structurel qui met en péril la sécurité énergétique nationale. Le réseau électrique gabonais, souvent vieillissant et mal entretenu, s’effondre sous le poids de son obsolescence. L’absence de maintenance préventive efficace et la faible modernisation des infrastructures témoignent d’un secteur en souffrance, qui peine à suivre l’évolution des besoins. Pendant ce temps, les populations subissent les conséquences directes de délestages récurrents, ce qui fragilise durablement l’économie locale, dégrade la qualité de vie et mine la confiance dans les institutions publiques.

À l’heure où le Gabon affiche des ambitions régionales fortes dans le domaine énergétique, cette dépendance technique constitue un paradoxe cruel. Alors que le pays exporte ses ressources et ses hydrocarbures, il est incapable de garantir une fourniture électrique continue à sa propre population. Plus ironique encore, certaines localités du nord du pays, comme Bitam et Oyem, doivent aujourd’hui s’alimenter en électricité auprès de la Guinée équatoriale, un voisin historiquement considéré comme moins développé. Ce renversement, loin d’être anecdotique, souligne la faillite d’une politique énergétique nationale qui n’a pas su valoriser ses propres atouts.

Il est urgent, pour le Gabon, d’abandonner les faux-semblants et de mettre en œuvre une réforme profonde et audacieuse. Cela passe par une politique volontariste de formation locale, afin de doter le pays de techniciens qualifiés et capables de gérer efficacement ses infrastructures énergétiques. Il faudra aussi un investissement massif dans la modernisation des équipements, ainsi qu’une gouvernance transparente et responsable, capable d’anticiper les défis et de répondre aux besoins du pays. Sans ces mesures, le Gabon continuera de s’enfoncer dans l’amateurisme et la dépendance, au détriment de son développement et de la souveraineté énergétique tant espérée.

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