Si les exonérations fiscales profitent largement aux grandes entreprises, la charge fiscale directe et indirecte pèse de manière disproportionnée sur les ménages les plus modestes. La Banque mondiale relève que le système fiscal gabonais, combinant TVA, taxes à la consommation et prélèvements divers, a un caractère régressif : en proportion de leur revenu, les ménages les plus pauvres contribuent davantage que les plus riches. Ce déséquilibre accentue les inégalités et fragilise la cohésion sociale.
La TVA, qui représente une part importante des recettes de l’État, en est l’illustration la plus marquante. Prélevée de façon uniforme sur les biens et services, elle touche indifféremment toutes les catégories sociales. Or, pour le tiers le plus pauvre de la population, une grande partie du revenu est consacrée à l’achat de biens de première nécessité, eux-mêmes soumis à cette taxe. Ainsi, une famille modeste paie proportionnellement plus de TVA qu’un ménage à revenu élevé, simplement parce qu’elle consomme la quasi-totalité de ce qu’elle gagne.
Cette situation est aggravée par l’absence d’un système d’impôt progressif suffisamment efficace pour compenser cette inégalité. Les exonérations accordées aux grandes entreprises réduisent encore la base fiscale des contribuables aisés, ce qui concentre la charge sur les ménages et les petites entreprises locales. La Banque mondiale souligne que « le système fiscal gabonais manque d’équité et ne parvient pas à redistribuer efficacement les ressources ».
Entre baisse du pouvoir d’achat, réduction de la consommation et difficultés d’accès à certains services essentiels comme la santé ou l’éducation, les conséquences sociales sont lourdes pour les ménages. Sur le long terme, cette pression fiscale mal équilibrée entretient un cercle vicieux où la pauvreté limite la croissance et la faible croissance empêche de réduire la pauvreté. Reste à savoir si le gouvernement pourra par exemple élargir l’assiette de l’impôt sur les sociétés, réduire la TVA sur les biens de première nécessité, et introduire des mécanismes de crédit d’impôt ciblés pour les ménages modestes.