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Gabon: que vaut la constitutionnalisation du droit de grève pour les employés du public et du privé?

le coup de coeur

L’introduction du droit de grève comme droit fondamental dans la Constitution est l’une des avancées les plus significatives du projet de révision qui sera soumis au vote le 16 novembre prochain. En effet, bien que le droit de grève ait toujours existé en théorie dans les législations gabonaises, il n’avait jamais été consacré en tant que droit constitutionnel, et son exercice était souvent perçu comme une action risquée, notamment dans le secteur public. Le fait de constitutionnaliser ce droit est indéniablement un gage de renforcement des libertés individuelles et collectives, et offre aux travailleurs un moyen légitime de se faire entendre face aux injustices ou aux conditions de travail indignes. Mais à l’épreuve des réalités? 

Les partisans du «Oui» défendent cette mesure comme une avancée majeure pour l’équilibre des relations entre employeurs et employés, tant dans le secteur public que privé. En inscrivant ce droit dans la Constitution, l’État s’engage à garantir aux travailleurs un moyen pacifique de revendiquer leurs droits, sans crainte de répressions excessives ou de sanctions arbitraires. Cette mesure est perçue comme un progrès pour la démocratie sociale, où les voix des travailleurs peuvent être entendues au même titre que celles des employeurs et de l’État, surtout dans des secteurs sensibles où les grèves ont des impacts sur les services publics essentiels.

Renforcement du dialogue social

En outre, cette constitutionnalisation du droit de grève doit permettre de renforcer le dialogue social. Si la grève reste un recours ultime, son exercice dans le cadre des droits fondamentaux devrait encourager un climat de négociation plus ouvert et respectueux. Les travailleurs, en ayant la garantie d’un droit fondamental pour se défendre, pourraient plus facilement défendre leurs intérêts sans craindre une répression systématique. Ce renforcement des libertés syndicales est particulièrement important dans un contexte où la centralisation du pouvoir a souvent limité l’expression publique des revendications sociales.

Équilibre entre droits des travailleurs et besoins fondamentaux de la société

Cependant, cette mesure comporte aussi des conditions. Par exemple, le droit de grève ne doit pas perturber les services essentiels, ce qui est une garantie pour la continuité des services publics et pour le bon fonctionnement de l’État. Cela garantit qu’en cas de conflit, l’équilibre entre les droits des travailleurs et les besoins fondamentaux de la société sera maintenu. Les partisans du « Oui » soulignent que cela permet une gestion plus harmonieuse des grèves et une organisation plus structurée des luttes sociales, permettant de concilier droit de grève et intérêt général.

Une avancée pour la protection des droits des travailleurs

Cette disposition marque donc une avancée pour la protection des droits des travailleurs, mais aussi pour la construction d’un État plus transparent et démocratique. Néanmoins, dans un contexte où le pouvoir exécutif est perçu comme monolithique, monopolistique et où ce meme projet de Constitution tend à créer un « hyper président », cette reconnaissance constitutionnelle du droit de grève perçu comme un mécanisme de contre-pouvoir, capable de remettre en question certaines décisions gouvernementales lorsque celles-ci ne répondent pas aux attentes légitimes des citoyens, pourrait se heurter à la dure réalité. Qui osera s’opposer dans le secteur public à un président-chef du gouvernement, chef de l’administration? 

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