Le premier trimestre 2025 a vu naître 4018 nouvelles entreprises au Gabon, selon les chiffres de l’Agence nationale de promotion des investissements (ANPI-Gabon) rendus publics par le ministère de l’Economie et des Participations. Mais au-delà du chiffre global, un élément mérite une attention particulière : la très forte prédominance des entreprises individuelles, qui représentent 3421 créations, soit environ 85% du total enregistré. Cette dynamique confirme une tendance lourde : l’entrepreneuriat de proximité, souvent informel auparavant, entre progressivement dans le champ formel grâce aux dispositifs simplifiés de création en ligne.
Une dynamique portée par les jeunes et les femmes
Cette écrasante majorité traduit une dynamique d’auto-entrepreneuriat, portée principalement par les jeunes et les femmes. L’entreprise individuelle est souvent privilégiée car elle est plus rapide et moins coûteuse à formaliser. Elle répond également à une logique pragmatique : permettre à un entrepreneur de tester une activité sur le marché sans engager immédiatement de lourds moyens. Les secteurs privilégiés par ces créateurs sont souvent le commerce de détail, la restauration rapide, l’artisanat, les prestations de services et, de plus en plus, l’agriculture urbaine.
À l’inverse, seulement 597 personnes morales ont été créées durant la même période. Les sociétés à responsabilité limitée (SARL), les sociétés anonymes (SA) et autres formes sociales restent minoritaires, en raison de la complexité administrative, des coûts de constitution, et parfois d’une méconnaissance des avantages liés au statut de société. Ce déséquilibre est révélateur d’un besoin urgent de formation et de sensibilisation à la structuration des entreprises pour leur permettre de viser des marchés plus ambitieux, comme les marchés publics ou l’export.
Vitalité des entreprises individuelles
Ce constat doit interpeller les autorités publiques comme les acteurs privés : si l’objectif est de bâtir un tissu économique robuste et capable d’affronter la concurrence internationale, il est essentiel d’encourager progressivement la transformation des entreprises individuelles en sociétés formelles. Cela passe notamment par des programmes d’appui juridique, des incitations fiscales ciblées, et la création de passerelles simples entre le statut d’auto-entrepreneur et celui de PME.
La vitalité de l’entrepreneuriat individuel est une excellente nouvelle pour le Gabon, mais elle ne suffira pas, seule, à impulser une croissance forte et inclusive. Pour consolider cette dynamique, il est impératif d’accompagner ces jeunes structures vers une plus grande formalisation, un meilleur accès aux financements et à l’innovation. C’est ainsi que l’on posera les bases d’un tissu entrepreneurial capable de porter durablement la diversification économique du pays.
