À peine élu président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema a rapidement pris une initiative majeure en convoquant, le 7 mai 2025, les partis politiques à une rencontre officielle. À cette occasion, il leur a clairement signifié sa volonté de mettre en œuvre les recommandations issues du Dialogue national inclusif d’avril 2023 portant sur la vie des partis politiques au Gabon. Cette réforme, inscrite dans une dynamique de refonte du système partisan, vise à rationaliser un paysage politique fragmenté et souvent inefficace. Si l’objectif affiché est de moderniser la démocratie gabonaise, le président a souligné que cette démarche devra impérativement préserver le pluralisme, socle fondamental de toute gouvernance légitime.
Un système politique saturé et peu performant
Avec plus de 110 partis officiellement reconnus, le Gabon souffre d’un émiettement politique nuisible à la lisibilité démocratique. La multiplication de formations politiques sans base militante, souvent animées par des logiques électoralistes de court terme, nuit à la construction de projets politiques solides. En réduisant ce nombre à quatre grands blocs, la réforme ambitionne de renforcer l’efficacité institutionnelle en concentrant le débat autour de partis disposant d’une vision claire, d’un ancrage territorial, et d’une cohérence idéologique. C’est un premier pas vers un assainissement de la scène politique, indispensable à une gouvernance stratégique et stable.
Structurer pour responsabiliser
Mais au-delà de la quantité, c’est bien la qualité du débat démocratique qui est en jeu. En incitant à la formation de pôles idéologiques cohérents, cette réforme pourrait transformer la culture politique nationale. Les partis seront amenés à clarifier leur positionnement, à former leurs cadres, et à assumer une responsabilité politique réelle face aux électeurs. Cette structuration est essentielle pour sortir d’une logique de marchandage politique et redonner du sens à l’engagement partisan, dans un pays où la défiance citoyenne reste forte.
Un équilibre délicat à maintenir
Toutefois, cette démarche de rationalisation comporte un risque : celui d’un filtrage abusif qui affaiblirait la diversité politique. Si la réforme est perçue comme un outil de consolidation du pouvoir ou comme une menace pour les forces d’opposition, elle pourrait provoquer une fracture démocratique. L’enjeu est donc clair : conduire une réforme transparente, inclusive, fondée sur des critères objectifs et équitables. C’est à ce prix que le président Oligui Nguema pourra prétendre inscrire sa gouvernance dans une logique de refondation durable – et non de recentralisation camouflée du pouvoir.