Depuis sa nomination en tant que ministre d’État en charge des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi s’est engagé dans une démarche de refondation du secteur du transport urbain au Gabon. En menant récemment une tournée d’inspection auprès des sociétés publiques placées sous sa tutelle — Sogatra, Taxi Gab+ et Trans’Urb — le ministre a initié un diagnostic de terrain visant à identifier les blocages structurels et conjoncturels qui minent l’efficacité du service public de transport. Au-delà de la simple visite, c’est une orientation stratégique qui semble désormais se dessiner.
Créée dans les années 1990, la Société gabonaise de transport (Sogatra) traverse une crise chronique, tant sur le plan financier que matériel. Véritable symbole d’un service public en déshérence, l’entreprise se heurte à une flotte vieillissante, des installations délabrées et un sureffectif persistant. Face à ce constat sévère, le ministre propose un plan de redressement articulé autour de la rénovation des infrastructures et d’un possible rapprochement avec Trans’Urb. L’éventuelle suppression de la gratuité, jusque-là instaurée, est également évoquée comme une mesure de viabilité budgétaire. En parallèle, l’annonce récente de l’achat de 130 bus neufs auprès de Tata Motors pourrait marquer un tournant décisif, à condition que l’accompagnement structurel suive.
Taxi Gab+, une ambition freinée par des fragilités financières
Lancé dans un esprit de modernisation et d’auto-emploi, le programme Taxi Gab+, appuyé par le CTRI, visait à professionnaliser un secteur longtemps dominé par l’informel. Si l’initiative présente des atouts en matière d’inclusion économique des jeunes, les difficultés rencontrées par les bénéficiaires menacent sa pérennité. Le ministre a souligné la nécessité d’un dialogue permanent entre les acteurs pour prévenir les tensions sociales.
Quant à Trans’Urb, créée pour désengorger Libreville et ses environs, elle souffre de maux similaires : un parc en mauvais état, des tensions internes, et une gouvernance perfectible. Si la mise à disposition récente de 10 bus neufs Mercedes par la présidence représente un bol d’air, la relance complète de l’activité passera par une remise en circulation des véhicules immobilisés et une réforme structurelle ambitieuse. Le ministre appelle ici à une gestion plus rigoureuse, ainsi qu’à une amélioration de la qualité du service rendu au public.
À travers cette tournée et les annonces qui l’ont accompagnée, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi pose les premiers jalons d’une stratégie de réorganisation globale du transport urbain. L’enjeu est double : assurer la mobilité des populations, tout en restaurant la crédibilité des entités publiques du secteur. L’approche du ministre semble allier pragmatisme budgétaire, modernisation des équipements et réformes de gouvernance.
