La vente de la Smag par Castel au groupe ivoirien Avos suscite de nombreuses interrogations, à commencer par le montant de la transaction, qui n’a pas été divulgué. Cette absence de transparence interroge, d’autant plus que d’autres cessions récentes d’actifs de Somdia ont montré des différences notables dans les modalités financières. En avril 2024, par exemple, la cession de la Sucrerie Africaine du Gabon (Sucaf) au groupe turc MFB International s’est faite pour un franc symbolique, en raison des difficultés de rentabilité de l’entreprise.
Dans le cas de la Smag, un tel arrangement est-il envisageable ou s’agit-il d’une acquisition à un prix significatif ? L’information reste cruciale pour comprendre si cette vente est une opportunité économique pour Castel ou plutôt une sortie précipitée d’un marché jugé trop complexe ou peu rentable. Au-delà des chiffres, cette transaction pose la question du devenir des employés de la Smag et de l’impact sur le marché local. Avec 90% de parts de marché dans la farine et les œufs, l’entreprise est un acteur incontournable du secteur agroalimentaire gabonais.
Une acquisition à scruter de près
Or, pour l’heure, rien ne précise si Avos s’engage à maintenir les emplois, à investir dans de nouvelles infrastructures ou à modifier les modes de production. Une restructuration ou une réduction de la production pourrait entraîner des conséquences lourdes sur l’emploi et la disponibilité de ces produits de base, avec un risque de hausse des prix pour les consommateurs.
L’expansion rapide d’Avos soulève également des questions sur son mode de financement. Après avoir racheté la minoterie du Togo en janvier 2025, le groupe ivoirien poursuit son offensive en mettant la main sur la Smag. Cette capacité d’investissement suggère soit une solidité financière importante, soit des soutiens stratégiques, qu’ils soient privés ou étatiques. Le financement de telles acquisitions en si peu de temps mérite d’être scruté, notamment pour évaluer si Avos dispose des ressources nécessaires pour assurer la pérennité des activités qu’il reprend ou s’il s’appuie sur des appuis financiers externes, qui pourraient orienter ses choix stratégiques.
Quelles sont les exigences de l’État gabonais ?
Du côté des autorités gabonaises, le processus de validation de la vente sera un test décisif. L’État a-t-il des exigences spécifiques en termes de maintien de la production et de la stabilité des prix ? La transaction étant soumise à des autorisations réglementaires, le gouvernement pourrait poser des conditions pour éviter un bouleversement trop brutal du marché. Par ailleurs, la question de la souveraineté économique se pose : la cession d’un acteur clé du secteur agroalimentaire à un groupe étranger risque-t-elle de réduire la maîtrise nationale sur un secteur stratégique ?
En définitive, au-delà de l’annonce de la vente, de nombreuses inconnues subsistent. La transparence sur le prix de la transaction, l’avenir des employés, les ambitions réelles d’Avos et la position des autorités gabonaises sont autant de points qui devront être clarifiés dans les semaines à venir. Une chose est certaine : cette acquisition redéfinit le paysage agro-industriel gabonais et ses implications méritent un suivi attentif.