Nommé le 5 mai 2025 à la tête du ministère du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema arrive à un moment critique pour ce secteur stratégique de l’économie gabonaise. La passation de charges avec son prédécesseur, Marcel Abéké, a été l’occasion de dresser un bilan globalement positif, mais qui ouvre aussi une nouvelle page pleine d’incertitudes. Parmi les principaux défis qui attendent le nouveau ministre figure la gestion de la volatilité accrue des cours mondiaux du pétrole. Alors que le gouvernement avait bâti ses prévisions budgétaires sur un baril à 85 dollars, les prix stagnent depuis le début de l’année autour de 65 dollars, pesant sur les recettes attendues.
Ce décalage entre prévisions et réalité place la nouvelle équipe sous forte pression. En tant qu’ingénieur spécialisé en environnement et en gestion des risques, Sosthène Nguema Nguema dispose des compétences techniques nécessaires pour analyser et anticiper les conséquences de cette baisse prolongée sur les finances publiques. Cependant, les marges de manœuvre restent limitées. Une baisse de 20 dollars par baril peut représenter un manque à gagner de plusieurs centaines de milliards de fcfa, affectant directement le financement des politiques publiques et les capacités d’investissement du pays.
Dans ce contexte, la diversification des sources de revenus devient une priorité. Le ministre devra non seulement relancer les investissements dans le secteur pétrolier, notamment par une meilleure attractivité du bassin sédimentaire gabonais, mais aussi accélérer la valorisation des importantes réserves gazières du pays. Ces leviers sont cruciaux pour compenser les pertes de recettes issues du pétrole brut. L’ancien député de la Transition a déjà exprimé sa volonté d’adopter une gouvernance rigoureuse et inclusive, en appelant ses collaborateurs à incarner l’esprit de la Ve République.
En parallèle, il devra également renforcer la participation nationale dans l’industrie pétrolière et améliorer la gestion des ressources humaines de son ministère, un point souvent négligé mais essentiel pour la performance globale du secteur. La régularisation des situations administratives et la valorisation des carrières font partie de ses engagements affichés. Ces actions structurelles sont d’autant plus nécessaires que le secteur devra s’adapter aux nouveaux défis de la transition énergétique, où les énergies fossiles, bien que toujours dominantes, sont de plus en plus questionnées.
Par ailleurs, Sosthène Nguema Nguema devra conjuguer expertise technique et sens politique pour maintenir la stabilité du secteur dans un environnement économique global incertain. Son arrivée au ministère intervient dans une période où le Gabon cherche à marquer une rupture avec les pratiques du passé. Dans cette optique, sa capacité à piloter une stratégie énergétique résiliente, tout en contribuant à une croissance durable, sera déterminante pour l’avenir économique du pays.