Le Gabon s’apprête à redevenir une scène de compétition énergétique de premier plan. Lors de l’Africa Energy Week 2025 au Cap, le ministre du Pétrole et du Gaz, Sosthène Nguema Nguema, a confirmé l’imminente signature d’un protocole d’accord avec ExxonMobil, attendu d’ici le 15 octobre. Dans le même temps, TotalEnergies a officiellement transmis une lettre de manifestation d’intérêt, marquant son envie de renouer avec un secteur qu’il avait en partie délaissé.
L’appétit des deux majors s’explique par l’immense potentiel de l’offshore profond gabonais. Près de 72% du domaine pétrolier national reste inexploré, en particulier en eaux profondes, où les avancées technologiques rendent désormais possible l’exploitation. Pour le Gabon, c’est une opportunité unique de relancer une production qui s’élevait à 230000 barils par jour en 2024 mais qui peine à retrouver son niveau d’antan.
ExxonMobil, longtemps absent de la scène gabonaise, revient dans une logique de sécurisation de nouveaux gisements à l’heure où la compétition mondiale pour les ressources s’intensifie. TotalEnergies, de son côté, cherche à se repositionner dans un pays avec lequel il entretient une longue histoire, tout en intégrant les exigences actuelles de transition énergétique. Les deux groupes voient dans le Gabon un terrain où concilier rendement pétrolier et innovations en matière de réduction d’empreinte carbone.
Pour l’État gabonais, la présence simultanée de ces deux géants est un atout diplomatique et économique. Elle renforce la crédibilité du pays sur la carte énergétique mondiale et peut attirer d’autres investisseurs. Mais Libreville entend cette fois tirer le maximum de valeur de ses ressources, en exigeant des retombées locales et en conditionnant les futures licences à des engagements clairs sur la durabilité et l’emploi.
Cette offensive conjointe sur l’offshore profond redessine le paysage pétrolier gabonais. Elle illustre un moment charnière où le pays tente de transformer son potentiel inexploité en levier de souveraineté énergétique. Si les négociations aboutissent, le Gabon pourrait entrer dans une nouvelle phase de son histoire pétrolière, avec des partenariats de poids capables de relancer durablement la dynamique du secteur.
