spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon : un franc cfa sur deux perçus par l’État part dans le remboursement de la dette

le coup de coeur

Imaginez que, sur chaque billet de 1000 fcfa qui entre dans les caisses publiques, environ 500 fcfa repartent immédiatement pour honorer des créances. C’est exactement ce que révèle le dernier Bulletin statistique de la dette publique. Au 31 mars, « le service cumulé de la dette publique s’est chiffré à 700,9 milliards de fcfa », soit 321,4 milliards de plus qu’il y a un an. La machine à rembourser tourne à plein régime, avec une hausse spectaculaire de +84,7% en un an. Et cette charge ne concerne pas uniquement les grands chiffres de l’État : elle conditionne aussi la capacité à financer des routes, des écoles, des hôpitaux… bref, les priorités du quotidien.

Ce fardeau est alimenté par deux moteurs : la dette extérieure, qui a coûté 332,2 milliards de fcfa sur la période, et la dette intérieure, encore plus gourmande, avec 368,7 milliards. Si l’extérieur expose le Gabon aux caprices des marchés financiers mondiaux et au dollar, l’intérieur repose surtout sur les Obligations du Trésor Assimilables (OTA) émises dans la CEMAC, à des maturités courtes et souvent à des taux plus élevés. Autrement dit, le pays jongle entre deux pressions : celle du change et celle du refinancement. Dans ce jeu d’équilibriste, le moindre déséquilibre sur l’un des deux fronts peut provoquer un effet boule de neige sur les finances publiques.

Autre élément qui mérite l’attention : le coût des intérêts. Au premier trimestre 2025, l’État a versé 108,5 milliards de fcfa rien que pour rémunérer ses créanciers, contre 79,7 milliards un an plus tôt. Ces paiements sont comme le loyer que l’on verse sur l’argent emprunté : plus il augmente, moins il reste de marge pour investir dans autre chose. Le remboursement du principal reste bien sûr dominant (592,5 milliards), mais cette hausse des intérêts traduit un financement plus cher, en grande partie lié à l’augmentation des émissions obligataires sur des marchés plus exigeants que les prêts concessionnels des institutions internationales.

Quand presque la moitié des recettes file vers le service de la dette, il reste peu de place pour respirer. Et c’est là que se pose la vraie question : cette dette est-elle un moteur de croissance ou un frein ? Si elle finance des infrastructures, comme des routes qui fluidifient les échanges ou des projets énergétiques qui réduisent les coûts de production, elle peut se justifier. Mais si elle sert surtout à combler des trous budgétaires ou à payer d’anciennes dettes, alors elle ressemble plus à un cercle vicieux qu’à un investissement. Sans projets générateurs de revenus, chaque nouvel emprunt rapproche un peu plus de la dépendance financière.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles