Face à l’ambition des mesures récemment annoncées, interdiction du manganèse brut à l’export, fin du poulet importé, création d’une centrale d’achats, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a exigé du Gouvernement la mise en œuvre immédiate d’un plan global d’accompagnement, lit-on dans le communiqué final du Conseil des ministres du vendredi 30 mai 2025.
L’objectif de ce plan est d’éviter les effets de seuil, sécuriser les transitions et créer les conditions d’une transformation économique maîtrisée. Cette approche intégrée vise à créer un écosystème complet, capable d’absorber les chocs tout en stimulant l’investissement, l’innovation et la montée en compétences.
Création d’un fonds d’investissement
Le cœur du dispositif repose sur la création d’un fonds d’investissement dédié à l’industrialisation du manganèse, dont le Gabon est le deuxième producteur mondial. Ce fonds mixte permettra de cofinancer les usines de traitement, les infrastructures logistiques et les projets intégrés avec le secteur privé. Doté d’un capital initial estimé à 100 milliards de fcfa, il devrait attirer des co-investissements étrangers et servir de levier pour renforcer la valeur ajoutée locale, dans un secteur dont les exportations brutes représentaient plus de 700 milliards de fcfa en 2023.
En parallèle, le Gouvernement prévoit de mettre en place des lignes de crédit préférentielles pour les éleveurs afin de soutenir la montée en puissance de la production nationale de volaille. Des incitations fiscales seront également offertes aux industriels engagés dans les projets de transformation locale, dans l’agro-industrie comme dans les mines. Pour soutenir cet essor, des investissements majeurs sont annoncés dans les réseaux électriques et les infrastructures énergétiques, souvent sous-dimensionnés dans les zones rurales ou industrielles émergentes.
Programme national de formation professionnelle
La réussite de ces transformations repose aussi sur le capital humain. Le Chef de l’État a ordonné le lancement d’un programme national de formation professionnelle, aligné sur les besoins des filières cibles : métallurgie, logistique, agro-élevage, maintenance, énergie. Ce programme visera à former 15 000 jeunes sur trois ans, via des partenariats avec les centres de formation, les écoles spécialisées et les entreprises. Il s’agira d’anticiper la demande de compétences techniques et d’éviter une dépendance accrue à la main-d’œuvre étrangère.
Pour fluidifier les investissements, le gouvernement entend également renforcer les capacités opérationnelles de l’ANPI-Gabon (Agence nationale de promotion des investissements du Gabon), afin de réduire les délais et obstacles administratifs pour les porteurs de projets. Des partenariats internationaux seront activement recherchés pour accélérer le transfert de technologies et de savoir-faire. Par ailleurs, la centrale d’achats publique, clé de voûte de la politique de lutte contre la vie chère, bénéficiera d’un soutien financier spécifique dans sa phase de lancement, avec un appui logistique, des garanties de paiement et des exonérations ciblées.