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Gabon: un projet constitutionnel déconnecté des modèles économiques inclusifs du Sénégal et du Ghana

le coup de coeur

Alors que le Gabon s’apprête à réviser sa Constitution, avec l’idée de renforcer les pouvoirs présidentiels au détriment de la séparation des pouvoirs et du gouvernement collégial, il est pertinent de regarder des exemples comme ceux du Sénégal et du Ghana, souvent cités en exemple par les partisans du « Oui ». Ces pays ont, à travers leurs constitutions, posé les bases d’un développement économique fondé sur des principes d’inclusion, de diversification et de redistribution des ressources. Cependant, l’ambition de cette révision constitutionnelle gabonaise semble s’éloigner des modèles de développement durable, au lieu de se concentrer sur la promotion d’une gouvernance partagée et d’une économie équitable.

La Constitution sénégalaise, adoptée en 2001, est l’une des plus illustratives dans la manière dont un pays peut inscrire son développement économique dans un cadre juridique solide et inclusif. L’article 25 de la Constitution du Sénégal stipule que « l’État garantit à chaque citoyen le droit à un travail, à une protection sociale et à un revenu décent », plaçant ainsi la question de l’équité sociale et de l’inclusion économique au cœur de la politique du pays. Au Gabon, l’Article 23 du projet de constitution évoque le fait que « chaque citoyen a le droit de travailler et celui d’obtenir un emploi et un salaire équitable », l’approche n’est clairement pas la même. Or, cette approche a permis au Sénégal de mettre en place des réformes structurelles ambitieuses, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des infrastructures. 

Le modèle sénégalais

La Constitution sénégalaise s’inscrit ainsi dans un projet économique global qui repose sur une économie de marché ouverte, mais aussi sur la redistribution des fruits de la croissance pour réduire les inégalités sociales. Aujourd’hui, le Sénégal bénéficie d’une économie diversifiée, avec un secteur industriel en pleine expansion et des investissements massifs dans les infrastructures, notamment dans le secteur de l’énergie et des transports. Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard, mais bien d’une vision constitutionnelle axée sur la promotion d’un développement économique équilibré et inclusif.

Le modèle ghanéen

De même, la Constitution du Ghana, en place depuis 1992, est un autre exemple pertinent de l’utilisation de la loi fondamentale pour encourager la croissance économique et améliorer les conditions de vie des citoyens. L’article 36 de la Constitution ghanéenne précise que « l’État s’engage à promouvoir la justice sociale, à améliorer les conditions de vie des citoyens et à garantir un développement économique durable ». Ce principe a conduit le Ghana à adopter des politiques favorables à la diversification économique, en mettant l’accent sur l’agriculture, l’industrie manufacturière et les services. 

Le Ghana a également mis en place des politiques de financement pour les petites et moyennes entreprises (PME) et a multiplié les investissements dans les infrastructures, notamment dans les secteurs des transports, de l’énergie et de l’éducation. Le succès économique du Ghana est évident, comme en témoigne sa position parmi les économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest, avec un secteur des infrastructures modernes et un taux de croissance soutenu au cours des dernières décennies.

Quid des réformes économiques ?

En revanche, le projet de révision constitutionnelle du Gabon semble tourner le dos à ces exemples inspirants. Alors que la Constitution gabonaise est en train de se redéfinir pour renforcer un pouvoir présidentiel centralisé, elle ne répond pas aux attentes des Gabonais en matière de réformes économiques et sociales concrètes. Le texte révisé met l’accent sur la consolidation des pouvoirs du président, en cumulant les fonctions de chef de l’État et de Premier ministre, mais ignore les questions cruciales liées à la diversification de l’économie, à la création d’emplois et à la réduction des inégalités sociales. L’absence de toute référence explicite à des politiques économiques inclusives, comme celles observées au Sénégal ou au Ghana, est frappante. En ne se concentrant pas sur ces enjeux fondamentaux, cette révision semble priver le Gabon de l’opportunité de bâtir une économie plus équilibrée et plus résistante aux crises mondiales, notamment en renforçant son secteur privé, en diversifiant ses sources de revenus et en investissant dans ses infrastructures de manière durable.

La différence de développement infrastructurel entre le Gabon et des pays comme le Sénégal et le Ghana illustre bien l’impact d’une vision constitutionnelle axée sur un développement économique partagé. Alors que le Gabon, malgré ses vastes ressources naturelles, reste à la traîne dans de nombreux domaines, le Sénégal et le Ghana ont su mobiliser leurs ressources pour créer des infrastructures modernes et diversifier leur économie. Le Sénégal, par exemple, est désormais un modèle de transport et d’énergie en Afrique de l’Ouest, avec des projets d’infrastructure tels que l’aéroport Blaise Diagne et le métro de Dakar. Le Ghana, de son côté, est devenu un pôle d’attraction pour les investisseurs étrangers, notamment grâce à ses réformes économiques libérales et son environnement favorable aux affaires.

Le Gabon, avec sa dépendance continue aux exportations de pétrole et une économie qui peine à se diversifier, semble rester à la traîne en matière d’infrastructures et de développement social. Le projet de révision constitutionnelle, en plaçant l’accent sur la concentration du pouvoir plutôt que sur des réformes économiques structurelles, risque de maintenir le pays dans une dynamique de stagnation. En s’éloignant des modèles constitutionnels du Sénégal et du Ghana, qui ont inscrit le développement économique et l’équité sociale dans leurs lois fondamentales, le Gabon semble manquer l’opportunité de s’engager sur la voie d’un développement véritablement inclusif et durable.

Ainsi, au lieu d’adopter une Constitution qui poserait les bases d’une gouvernance partagée et d’un développement économique diversifié, le Gabon pourrait bien s’enfermer dans un modèle qui privilégie la consolidation du pouvoir politique au détriment des réformes économiques nécessaires pour assurer une croissance durable et équitable. Le Sénégal et le Ghana, qui ont su bâtir une infrastructure solide et une économie résiliente grâce à leurs constitutions et à leurs choix stratégiques, prouvent qu’une approche intégrée du développement économique est possible et bénéfique pour tous. Le Gabon, quant à lui, risque de rater ce virage crucial.

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