Classé 115e sur 139 pays dans l’Indice de performance logistique 2023 de la Banque mondiale, le Gabon peine à améliorer l’efficacité de ses échanges commerciaux. Ce rang, loin des ambitions affichées de compétitivité régionale, reflète un retard structurel dans la gestion des douanes, des infrastructures, des expéditions et de la chaîne logistique dans son ensemble. Cette situation fragilise non seulement le commerce extérieur, mais elle réduit également l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers. Dans un contexte où la concurrence régionale s’intensifie, ce manque de fluidité logistique devient un handicap stratégique majeur.
Selon la Banque mondiale, les entreprises doivent composer avec un temps moyen de séjour dans les ports de 11,4 jours pour les importations et 6,4 jours pour les exportations. Des délais qui plombent la fluidité des transactions, renchérissent les coûts et, dans certains cas, provoquent la perte de denrées périssables. Ces durées dépassent largement celles observées dans des pays voisins comme le Cameroun ou le Congo, ce qui accentue le désavantage compétitif du Gabon. Les acteurs économiques évoquent régulièrement un manque de coordination entre les services portuaires et les autorités douanières, entraînant des goulots d’étranglement récurrents.
Une absence de logistique
Cette lenteur n’est pas seulement une question de procédures, elle traduit surtout une absence de logistique chronique qui touche tous les secteurs, y compris ceux stratégiques. La logistique pétrolière, colonne vertébrale des exportations du pays, est elle-même fragilisée. Les retards dans les approvisionnements, les difficultés de stockage et la complexité des formalités finissent par se répercuter sur les prix des produits pétroliers, alimentant ainsi la pression inflationniste. Les compagnies opérant dans le secteur estiment que chaque jour de retard peut coûter des centaines de millions de fcfa en pertes et pénalités. Cela réduit également la fiabilité des livraisons, un point sensible pour les partenaires internationaux.
Les obstacles ne se limitent pas aux biens. Dans l’Indice des restrictions au commerce des services (STRI) de 2020, le Gabon affichait déjà des scores très élevés, 66,7 sur 100 pour les services professionnels, 62,4 pour les communications et 67 pour les transports, bien au-dessus des moyennes mondiales et africaines. Ces chiffres traduisent une tendance lourde à surprotéger certains secteurs au détriment de l’ouverture et de la compétitivité. Or, un environnement fermé freine l’innovation et l’amélioration des standards de service. Dans le domaine des communications par exemple, les restrictions contribuent à maintenir des coûts élevés pour les consommateurs.
Un cocktail de contraintes
À ces barrières réglementaires et techniques, s’ajoutent des processus d’autorisation complexe et des infrastructures inadaptées. Ce cocktail de contraintes limite l’accès aux biens étrangers, freine l’activité des entreprises locales et réduit la capacité du pays à jouer un rôle logistique de premier plan en Afrique centrale. Les zones industrielles restent sous-équipées, et le réseau routier peine à absorber les volumes de transport croissants. Dans le secteur du fret, les retards dus à la vétusté des équipements sont monnaie courante.
Derrière ce classement, c’est donc tout un écosystème logistique qui apparaît grippé, avec des effets en cascade sur la compétitivité nationale, la balance commerciale et le quotidien des consommateurs. La lenteur des flux alourdit le prix final des produits de base, aggravant ainsi le coût de la vie. Sans réforme profonde et rapide, le Gabon risque de voir son rôle commercial marginalisé dans la sous-région. Le défi est désormais d’aligner l’infrastructure, la réglementation et la gouvernance sur les standards internationaux.