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Gabon : une Caisse autonome d’amortissement pour une meilleure gestion de la dette ?

le coup de coeur

Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a annoncé le 25 mars 2025 la création d’une Caisse autonome d’amortissement (CAA), une structure censée assurer une gestion plus rigoureuse de la dette publique gabonaise, rapportent nos confrères de L’union. Cette initiative vise à garantir le respect des engagements financiers de l’État tout en rassurant les bailleurs de fonds. Mais au-delà de l’annonce, quels seront les véritables moyens et mécanismes mis en place pour atteindre ces objectifs ?

Transparence et efficacité

La CAA aura plusieurs missions : élaborer et mettre en œuvre la politique d’endettement du Gabon, rechercher et négocier des financements, et veiller au respect des échéances de remboursement. En théorie, cette approche permettrait de centraliser et d’optimiser la gestion de la dette. En pratique, tout dépendra des ressources qui lui seront allouées et de son indépendance réelle par rapport aux décisions politiques. Une caisse d’amortissement ne fonctionne que si elle dispose de recettes stables et dédiées. Où trouvera-t-elle ces fonds, alors que les finances publiques sont déjà sous tension ?

L’autre enjeu concerne la transparence et l’efficacité. Le ministère des Comptes publics et de la Dette voit dans cette réforme un tournant positif pour la gouvernance financière. Mais sans un cadre strict et un suivi rigoureux, la CAA pourrait devenir un simple organe administratif supplémentaire, sans réel impact sur la dette croissante du pays. L’État sera-t-il capable de s’imposer une discipline budgétaire et d’éviter d’alimenter cette caisse par de nouvelles dettes ?

Quid de l’origine des fonds ?

Un autre point d’interrogation réside dans l’origine des fonds qui serviront à alimenter la CAA. À l’heure actuelle, les ressources budgétaires sont déjà fortement sollicitées, avec des dépenses de fonctionnement qui explosent. Avec une masse salariale passée de 704 milliards à 825,3 milliards de fcfa, des dépenses en biens et services prévues à hauteur de 378 milliards et 117 milliards alloués aux dépenses politiques, l’État gabonais a-t-il la marge de manœuvre nécessaire pour doter cette caisse de ressources pérennes ? Sans nouvelles recettes significatives, le risque est que cette structure devienne un simple guichet supplémentaire pour gérer une dette qui continue de croître.

Cette réforme soulève une question fondamentale : la création de la CAA est-elle un premier pas vers une refonte plus large des finances publiques, ou une simple mesure symbolique destinée à apaiser les bailleurs de fonds ? Sans une véritable réforme des dépenses publiques et une stratégie claire pour réduire l’endettement, cette nouvelle institution pourrait bien n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. La réussite de cette initiative dépendra de la volonté politique de l’accompagner par des mesures fortes : réduction du train de vie de l’État, optimisation des recettes fiscales et discipline budgétaire accrue.

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