Depuis le coup d’État du 30 août 2023, orchestré par les militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), la réduction des dépenses publiques a été l’un des principes directeurs de la nouvelle administration. Dans cette logique, son président, Brice Clotaire Oligui Nguéma, a renoncé à son salaire, et le traitement des parlementaires a été limité au strict minimum. Mais, malgré cette volonté de réduire le train de vie de l’État, certaines dépenses ont enregistré des hausses significatives quand d’autres interrogent sur leur caractère opportun. A titre d’exemple, 28 milliards de fcfa ont été alloués exclusivement au référendum portant sur la nouvelle Constitution.
En campagne pour le “Oui” au référendum depuis de nombreux mois, le président de la transition en a fait une affaire personnelle. Tellement personnel qu’il a engagé les fonds de l’Etat à concurrence de 28 milliards de fcfa pour les 10 jours de campagne prévus. Pourtant, ce projet de constitution est loin de faire l’unanimité. Dans une récente interview, le Dr Jean Victor Mouang Mbading, éminente figure de l’opposition gabonaise, a par exemple exprimé ses inquiétudes quant à la nouvelle Constitution en préparation au Gabon, indiquant que la nouvelle loi fondamentale cherche à concentrer les pouvoirs entre les mains d’un «super Président».
Celui qui se rêve en président et Premier ministre a donc acté sa première décision sous ses deux casquettes, puisque la LFR, qui comprend notamment 2 588,9 milliards de fcfa de dépenses budgétaires, dont 771,7 milliards pour les dépenses de personnel et 396,6 milliards pour les biens et services, prévoit 28 milliards de fcfa pour le référendum. Ce montant alloué au référendum constitutionnel, à savoir 28 milliards de fcfa, soulève de nombreuses interrogations. Bien que ce budget inclut des dépenses organisationnelles et logistiques telles que la préparation des lieux de vote, la formation des agents électoraux, la mise en place de systèmes de sécurité, ce montant semble tout de même excessif.
Même s’il inclut des campagnes d’information et de sensibilisation pour encourager la participation des citoyens, la somme semble particulièrement élevée pour un pays comme le Gabon. D’autant que la population électorale reste infime comparativement à de grandes nations africaines. La question qui se pose alors est : pourquoi le Gabon, avec une population aussi faible, prévoit-il un budget aussi important ?
Un budget défiant toute logique
Les 27 milliards de fcfa alloués au référendum au Gabon paraissent donc disproportionnés, surtout au regard des standards internationaux. Ce montant se rapproche de ceux observés dans des pays comme le Nigeria dont la population dépasse les 100 millions d’habitants, et dont les exigences logistiques sont bien plus complexes. Cette situation devrait soulever de vives critiques, tant au sein de l’opinion publique que chez les partenaires techniques et financiers du Gabon, qui déplorent des dérives budgétaires récurrentes. Dans un contexte économique difficile, marqué par des risques accrus de liquidités, des réductions des paiements des intérêts sur emprunts, cette décision apparaît controversée.