En 2024, la croissance économique en Afrique subsaharienne a été supérieure aux attentes, atteignant 4%, grâce à la reprise des investissements publics et à l’exportation de matières premières. Toutefois, le FMI anticipe une décélération en 2025, notamment pour les pays dépendants des produits de base. Le Gabon, dont l’économie reste fortement liée aux cours du pétrole et du manganèse, figure parmi les plus exposés à cette dynamique. Selon les données nationales, les recettes issues du secteur pétrolier représentent encore plus de 40% des ressources budgétaires en 2025, malgré une volonté affichée de diversification.
Le rapport du FMI note une baisse généralisée des cours des matières premières depuis début 2025, affectant directement les termes de l’échange des pays producteurs. Le pétrole, le cuivre et le manganèse, trois produits d’exportation du Gabon, sont tous en repli sur les marchés mondiaux. Cette tendance met en péril les projections de croissance fixées par la loi de finances 2025, qui table sur une croissance de 2,6%. Or, cette prévision repose sur des hypothèses de prix favorables. Toute inflexion plus marquée pourrait creuser les déficits et accroître les tensions de financement.
La structure même de l’économie gabonaise renforce cette vulnérabilité. En dehors du secteur extractif, peu de segments génèrent des recettes fiscales significatives ou contribuent à la balance commerciale. Le secteur agricole reste embryonnaire, l’industrie manufacturière marginale, et les services concentrés dans des niches urbaines peu productives. Dans ces conditions, la moindre contraction de la demande mondiale ou baisse des cours frappe directement la base budgétaire de l’État.
Le nouveau gouvernement est placé devant une équation complexe : soutenir l’activité économique à court terme sans aggraver les déséquilibres budgétaires. Face au ralentissement mondial, il devra arbitrer entre soutien conjoncturel (via la dépense publique) et maintien de la discipline budgétaire. Il lui revient aussi de crédibiliser les politiques de diversification économique, souvent évoquées mais encore peu concrètes dans les chiffres.
Le FMI insiste sur la nécessité de renforcer la résilience des pays à travers des politiques macroéconomiques cohérentes, une gouvernance budgétaire crédible et une réduction de la dépendance aux matières premières. Pour le Gabon, cela signifie investir massivement dans le capital humain, les infrastructures de base et l’environnement des affaires. Mais dans un contexte de recettes incertaines et de coûts de la dette élevés, ces choix relèvent moins d’une logique de planification que de survie économique.