En 2024, le Gabon se trouve dans une position économique fragile, confronté à un risque croissant de récession. L’économie du pays, fortement dépendante des exportations de pétrole, subit de plein fouet la baisse des prix mondiaux et une demande incertaine, notamment en provenance de la Chine, son principal partenaire commercial. Selon les prévisions du FMI, bien que la croissance régionale en Afrique centrale soit modérée, la croissance gabonaise devrait se limiter à 2,6%, bien en deçà de son potentiel. Ce faible taux de croissance est symptomatique de la stagnation économique du pays, qui peine à se diversifier loin de sa dépendance aux matières premières.
De nombreux chiffres montrent la gravité de la situation : en 2023, la dette publique du Gabon a atteint 70,4% du PIB, et elle pourrait dépasser les 80% dès 2025, bien au-dessus de la moyenne régionale. Cette montée en flèche de la dette est alimentée par un déficit budgétaire chronique. Le gouvernement gabonais, après avoir enregistré un excédent de 1,1% du PIB en 2022, a vu son déficit augmenter à 1,8% du PIB en 2023, et il pourrait atteindre 3,9% en 2024 et 5,3% en 2025. Ces déficits sont principalement dus à des dépenses publiques en constante augmentation, notamment pour financer l’expansion de la fonction publique, rembourser les arriérés d’impôts et de pensions et surtout financer de coûteuses subventions.
Vers une baisse des revenus pétroliers
En parallèle, les recettes fiscales restent insuffisantes pour couvrir ces dépenses, malgré quelques efforts pour améliorer l’administration fiscale. Le secteur pétrolier, essentiel à l’économie du pays, est également sous pression. La baisse continue de la production et des prix du pétrole met à mal les recettes publiques, déjà fragiles. Les autorités gabonaises prévoient une baisse des revenus pétroliers en 2025, un facteur aggravant pour une économie déjà en difficulté. À cette instabilité du secteur pétrolier s’ajoute un environnement financier international de plus en plus restrictif, avec des taux d’intérêt en hausse et une incertitude croissante quant aux flux de financement.
Vers une situation de stagflation
Face à ces difficultés économiques, le Gabon court le risque de voir sa situation financière se détériorer davantage, avec des perspectives de récession dans les années à venir. Le pays pourrait également se retrouver dans une situation de « stagflation », où une faible croissance est accompagnée d’une inflation élevée, rendant encore plus difficiles les conditions de vie pour la population. Même si le pays dispose de leviers pour éviter cette récession, le risque est bien présent.
Les autorités devront mener des réformes économiques structurelles audacieuses, ce qui inclut la diversification de son économie, la modernisation de son secteur industriel, et une gestion plus rigoureuse de ses finances publiques. Les réformes fiscales et la lutte contre les gaspillages budgétaires sont essentielles pour restaurer la confiance des investisseurs et des créanciers internationaux. Le succès d’une telle démarche dépendra de la capacité des autorités à réagir rapidement en mettant en œuvre des réformes nécessaires, tout en exploitant les nouvelles opportunités offertes par la transition énergétique et la diversification économique.