Dans un contexte de tensions budgétaires, les dépenses liées aux activités politiques et électorales atteindront au moins 149,6 milliards de fcfa entre novembre 2024 et fin 2025. Ce montant inclut 78,9 milliards de fcfa spécifiquement dédiés aux dépenses politiques, 31,7 milliards de fcfa pour l’organisation des élections, 27 milliards de fcfa pour le référendum constitutionnel et 6 milliards de fcfa pour le dialogue national inclusif. À titre de comparaison, le budget de la santé publique s’établit à 98,5 milliards de fcfa, tandis que celui des infrastructures atteint 147 milliards de fcfa.
Les 31,7 milliards de fcfa alloués à l’organisation des scrutins locaux, législatifs, sénatoriaux et présidentiel du 12 avril 2025 couplés aux 78,9 milliards de fcfa de dépenses à caractère politique, représentent un effort budgétaire considérable. Cette enveloppe comprend les coûts liés à la logistique, à la sensibilisation et aux opérations électorales. En comparaison, le régime déchu avait engagé 100 milliards de fcfa pour les élections de 2023, contribuant à un déficit de près de 2% en 2024. La tendance reste donc à des dépenses électorales élevées, malgré un contexte économique contraint.
Un déséquilibre budgétaire au profit du politique?
L’ampleur des dépenses politiques contraste avec les hausses bien plus modestes des secteurs essentiels. L’éducation, par exemple, ne connaît qu’une hausse de 7%, atteignant 152 milliards de fcfa, malgré des infrastructures vétustes et un manque de personnel. La santé, elle, ne bénéficie que d’une augmentation de 6,2%, portant son budget à 98,5 milliards de fcfa, alors que l’accès aux soins reste limité. Comparé à d’autres pays africains, le Gabon consacre 2,6% de son budget national aux dépenses politiques, contre 0,9% au Sénégal et 0,7% en Côte d’Ivoire.
Alors que la transition affichait une volonté de rupture avec les dérives budgétaires du passé, ces 149,6 milliards de fcfa de dépenses politiques interrogent. Ce montant représente près de 5,4% des dépenses publiques annuelles et traduit une continuité avec le régime précédent. En 2023, le budget électoral de 100 milliards de fcfa avait déjà suscité des critiques pour son manque de transparence et son impact sur les finances publiques. Le FMI avait d’ailleurs remis en cause son programme avec le Gabon sur la base de ces dépenses injustifiées.
En outre, ce niveau de dépenses politiques interroge quand on sait que le gouvernement a eu recours à un emprunt de 100 milliards de fcfa auprès du fonds Cargill pour financer son Programme d’urgence de Développement Communautaire (PUDC), mais également que des négociations sont en cours auprès d’Afreximbank pour un montant de 131 milliards de fcfa destiné…au PNDT. D’aucuns se demandant s’il n’y aurait pas été plus judicieux de limiter l’impact politique au profit d’investissements structurants, d’autant que cette élection qui met Oligui Nguéma face à 3 candidats fantoches est quasiment couru d’avance.