Le rapport de la Direction Générale de l’Aval Pétrolier et Gazier (DGAPG) de juin 2025 révèle une situation logistique préoccupante dans le secteur aval pétrolier du Gabon. Alors que les ambitions en matière de souveraineté énergétique sont réaffirmées à chaque discours, la réalité du terrain montre des infrastructures vieillissantes, des retards récurrents et des failles critiques dans la chaîne d’approvisionnement. La SOGARA a connu un « arrêt technique de 5 jours pour maintenance », et son débit a été « réduit à 120 T/H suite à une fuite sur un échangeur », fragilisant d’entrée la production locale.
Détérioration de la rotation logistique
Le tableau s’assombrit davantage lorsqu’on regarde les performances du transport ferroviaire. Le rapport fait état d’un taux de réalisation de seulement « 48% de l’objectif » pour le transport par wagons, soit « 4680 tonnes transportées », contre plus de 9000 prévues. La rotation logistique s’est aussi détériorée, passant à 20 jours au lieu de 12 visés. Ce rallongement du circuit logistique génère non seulement des pertes économiques mais aussi des tensions sur la disponibilité des produits dans plusieurs localités.
Sur le plan fluvial, la situation n’est guère meilleure. La société SOLEO n’a pas effectué de chargement du 28 au 31 mai, causant « une perte de 1020 m³ » de produit non distribué. Bien que 34 barges aient été dépotées sur le mois, les limites structurelles du transport par voie d’eau restent criantes. Le document reconnaît que « la navigation reste possible jusqu’à fin juillet » seulement, faute de maîtrise de la variabilité des niveaux d’eau. Aucune solution structurelle durable n’est évoquée pour stabiliser cette partie cruciale du transport pétrolier.
Une gestion plus curative qu’anticipative
Les tensions sécuritaires viennent aggraver ce tableau. La DGAPG « bouteilles fuyardes », « cabossées en vente », « accidents récurrents des camions gaz » sont mentionnés. Des crevasses dangereuses sont signalées à l’entrée du dépôt de Ndjolé, et « la voie Bifoun-Ndjolé » est qualifiée de « fortement dégradée ». Ces défaillances traduisent une gestion plus curative qu’anticipative, alors que les risques industriels et logistiques devraient être prioritairement encadrés dans un secteur aussi sensible.
Face à cette dégradation généralisée, le rapport conclut timidement sur la nécessité d’« une meilleure coordination logistique » et d’un renforcement de la planification. Mais aucune stratégie de modernisation à grande échelle n’est présentée, ni de calendrier d’investissement. La logistique pétrolière du Gabon apparaît ainsi comme le maillon faible d’une chaîne pourtant stratégique. Sans une intervention urgente, ces failles pourraient compromettre à court terme la sécurité énergétique nationale et aggraver les disparités territoriales en matière d’approvisionnement.