Taxe sur la redevance, prélèvement sur les transactions, “droits” d’inspection ou de régulation… Derrière chaque facture d’eau, d’électricité, de téléphone ou même de transport, des ponctions parafiscales invisibles s’additionnent. Non budgétisées, souvent opaques, ces contributions alimentent des organismes publics ou parapublics, sans réelle redevabilité. Et ce sont, au final, les citoyens qui paient l’addition.
Parafiscalité : un impôt déguisé ?
Dans un pays où le pouvoir d’achat est déjà grignoté par l’inflation, la parafiscalité est devenue un impôt déguisé. On la retrouve dans les factures d’eau et d’électricité, où des redevances supplémentaires financent des agences de régulation ou des fonds spéciaux sans que le consommateur en voie les bénéfices. Sur chaque litre d’essence, un prélèvement alimente le fonds d’entretien routier. Sur chaque appel téléphonique, une part va à l’Arcep ou au fonds d’accès universel. Une logique implacable : tous les flux économiques servent de support à des prélèvements “hors budget”.
Cette prolifération de taxes indirectes échappe souvent au contrôle parlementaire. Selon plusieurs économistes locaux, certains de ces prélèvements n’ont pas fait l’objet de lois de finances spécifiques et s’appliquent via des décrets ou des conventions signées entre administrations. Ce flou juridique ouvre la voie à des dérives : agences mal gouvernées, ressources dilapidées, et aucune évaluation publique de l’impact réel de ces mécanismes sur les services ou sur l’économie nationale.
Des coûts répercutés sur le consommateur final
Le pire, c’est que ces coûts sont répercutés sur le consommateur final. Une facture d’électricité ou un billet d’avion intègre aujourd’hui jusqu’à 7 à 10% de prélèvements parafiscaux cumulés. Dans un pays où le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) stagne à 150000 fcfa et où plus de 35% de la population vit sous le seuil de pauvreté, cette charge invisible pèse lourd. C’est une fiscalité régressive : ceux qui consomment peu paient proportionnellement plus que les gros revenus.
Face à ce système tentaculaire, les appels à la rationalisation se multiplient. Des voix dans la société civile et à la Cour des comptes appellent à l’intégration de la parafiscalité dans le budget général, avec un plafonnement, une évaluation de la performance des agences financées, et un meilleur ciblage. Mais en attendant une réforme, la parafiscalité continue de ponctionner silencieusement les ménages gabonais, au profit d’institutions souvent inefficaces et jamais auditées.